Poser le bon diagnostic sur les maux de tête
A l’honneur de la revue « Prescrire », un médicament contre l’éjaculation précoce permet de mettre la lumière sur ce trouble tabou
Il est à l’honneur au palmarès très sélectif de la revue indépendante Prescrire, connue pour sa rigueur. Son nom : le Fortacin, un médicament sous forme de solution pour pulvérisation cutanée qui combine deux anesthésiques locaux (lidocaïne et procaïne). S’il figure parmi les cinq médicaments primés en 2018, c’est pour le bénéfice qu’il apporte aux hommes qui souffrent d’un trouble dont on a peu coutume de parler : l’éjaculation précoce primaire (lire ci-contre). « Comme pour la plupart des dysfonctions sexuelles, il est difficile pour les patients concernés de consulter. Et, côté professionnels de santé, rares sont les médecins qui prennent en compte la santé sexuelle dans leur pratique », regrette le Dr Carol Burté, andrologue et sexologue dans le Var et les Alpes-Maritimes. Résultat : l’éjaculation prématurée est peu prise en charge, laissant des hommes, des couples, dans la détresse. Pourtant, contre ce trouble, « des thérapies (comportementales et cognitives) sont efficaces et des traitements médicamenteux, à l’instar de Fortacin, peuvent être proposés » ,insiste la spécialiste. Les praticiens formés en médecine sexuelle associent généralement les deux approches. Mais, « comme c’est le cas pour la plupart des troubles sexuels, le médicament est une étape souvent indispensable, qui permet de reprendre confiance en soi. Cela ne signifie pas qu’on va devoir y recourir toute sa vie ; dans beaucoup de cas, il représente un premier accès à une prise en charge plus globale, et soulage rapidement le symptôme. » Si le Fortacin est aujourd’hui dans la lumière, l’utilisation d’anesthésiants locaux n’est pas une idée nouvelle. « Leur bénéfice est connu depuis le milieu du XXe siècle. Utilisés de façon régulière, ils permettent d’habituer le cerveau à recevoir des messages moins intenses de cette partie du corps et contribuent ainsi à diminuer l’excitation. » Avantage non négligeable : en ayant un seul effet local, ils sont en général très bien tolérés. Mais l’arsenal thérapeutique serait, selon le Dr Burté, bien plus large, incluant notamment les inhibiteurs sélectifs de la recapture de la sérotonine (ISRS). « Leur emploi a longtemps
été empirique ; aujourd’hui, on comprend mieux leur capacité à retarder l’éjaculation : la sérotonine est en réalité le principal neuromédiateur modulant l’éjaculation. » La sérotonine, hormone du bonheur. Le bonheur sans précipitation.