Var-Matin (Grand Toulon)

« Les jeunes femmes ont beaucoup moins de rêves »

Alors que la ville s’apprête à organiser la semaine des droits des femmes, du 6 au 14 mars, nombreux sont les acteurs de terrain à s’inquiéter d’un recul de la place de la femme

- MA. D. mdalaine@nicematin.fr

grince Nora Boujemaoui-Kabache, directrice du service des 0-25 ans à la mairie de La Seyne. Nous estimons que ce n’est pas le moment où l’homme doit offrir des fleurs à sa compagne mais plutôt celui où on doit questionne­r la liberté de la femme, le thème choisi cette année. Et sur ce sujet, il y a malheureus­ement beaucoup à faire ».

Comment se porte le droit des femmes à La Seyne ?

Pas plus mal qu’ailleurs… mais pas mieux non plus, si l’on en croit Bouchra Reano. « Nos remontées de terrain ne sont pas bonnes, assure l’élue. On se rend compte que les jeunes femmes ont beaucoup moins de rêves. Elles s’interdisen­t toute ambition ; certaines souhaitent juste se marier. Ce n’est évidemment pas la vision qu’on se fait de la femme. Le constat n’est guère plus reluisant quand on évoque l’accès aux droits, la jeunesse, les violences… » La faute à qui ? « Sans doute ces jeunes ignorent-elles que des femmes sont mortes pour leurs droits. Que la France est le phare du monde sur la question. A nous de leur dire qu’elles sont libres d’avoir des aspiration­s, de leur rappeler ce qu’est la liberté et qu’elles doivent se battre pour la conserver. Regardez l’Espagne, qui fait marche arrière sur l’IVG… A nous aussi de crier “stop aux violences faites aux femmes”. »

Quel regard portent les acteurs du droit des femmes à La Seyne sur « l’affaire Decathlon » ?

Forcément, le sujet est glissant. Pour rappel, l’enseigne Decathlon a un temps voulu commercial­iser un « hijab de running » avant de faire volte-face devant la polémique grandissan­te. Tout juste Bouchra Reano concédera que, selon elle, « il ne s’agit pas d’une histoire de droit des femmes mais de l’expression d’une peur. La liberté, c’est aussi de faire le choix de mettre un voile ou non, ne serait-ce qu’au regard des lois de notre République. Pour certains, le voile symbolise un asservisse­ment - et ça l’est quand les filles ne savent pas pourquoi elles le portent - mais je connais aussi des femmes voilées qui sont, en un sens, plus libres que moi ».

Quels seront les temps forts de la semaine ?

Le maire en avait émis l’idée il y a quelques mois en conseil municipal. Ce sera chose faite vendredi : une place Simone-Veil sera inaugurée, en l’occurrence sur l’espace situé entre le casino et la fontaine. Autre temps fort de la semaine : des portraits grand format et citations de femmes engagées dans le combat des droits seront disposés sur les places de la ville (Emma Watson, Fatou Sow Sarr…). Une zumba géante sera par ailleurs organisée samedi parc de la Navale. Pas très militant, la zumba, si ? « En fait, elles sont environ une centaine de femmes à venir s’éclater, explique Nora Boujemaoui-Kabache. Et pour nous, c’est donc l’occasion de faire passer des messages plus facilement… » À l’exception du concert de Rokia Traoré à Tisot samedi soir - un autre incontourn­able - tous les événements sont gratuits.

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(Photo Ma. D.) Bouchra Reano, Nora Boujemaoui-Kabache et Dominique Marechal (de gauche à droite) aux manettes de cette semaine internatio­nale des droits des femmes.

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