Var-Matin (Grand Toulon)

Macron l’électorali­ste

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Nul ne peut dire avec certitude si Emmanuel Macron est un grand homme d’Etat et s’il laissera une empreinte profonde dans l’histoire du pays. Il est d’ores et déjà acquis, en revanche, qu’il fait partie de la catégorie des grands hommes politiques et de ces politicien­s hors norme capables de conquérir le pouvoir. On a pu mesurer ce talent exceptionn­el dans le blitzkrieg qu’il a mené pour remporter en  la présidenti­elle. Le voici de nouveau à la manoeuvre pour que le premier scrutin depuis sa victoire élyséenne – les européenne­s du  mai – ne soit pas un fiasco. Sans doute garde-t-il en mémoire les échecs successifs de François Hollande dans des élections intermédia­ires qui ont fait de son mandat un chemin de croix électoral. Le Président entre donc en campagne dès aujourd’hui en publiant dans plusieurs journaux européens une tribune [lire ci-contre] pour se placer au coeur de la bataille pour l’Europe et affronter les adversaire­s qu’il s’est choisis : pour simplifier, les nationalis­tes et les populistes. Le voici donc figure de proue d’une longue campagne de trois mois. En vérité, il l’a entamée avec le Grand Débat qui lui a permis à la fois de reprendre la main alors qu’il était à la dérive en décembre dernier face à une crise des « gilets jaunes » qu’il n’a pas vu venir et pas comprise, de regagner une poignée de points de popularité et de se rendre compte que le rapport de force électoral ne lui est pas si défavorabl­e. De fait, les secousses que connaît le pays depuis quatre mois n’ont permis à aucun des partis d’opposition de reverdir. Les Républicai­ns ont dévissé, affaiblis par la politique macronienn­e car elle séduit l’électorat de droite. La gauche est un puzzle éparpillé au sein duquel personne ne s’impose. Les Insoumis de Jean-Luc Mélenchon sont en perte de vitesse. Reste, évidemment, le Rassemblem­ent national de Marine Le Pen, seule formation à ne pas avoir sombré et adversaire idéal pour le chef de l’Etat. En effet, il espère rejouer, d’une certaine manière, le second tour de la présidenti­elle et profiter du rejet de l’extrême droite pour que La République en marche, c’est-à-dire lui-même, arrive en tête du scrutin européen. C’est, aujourd’hui, le scénario qui se dessine dans les sondages. S’il se concrétise, il confirmera le savoir-faire électorali­ste d’Emmanuel Maceron, bien supérieur à son talent de chef d’Etat. A peine élu, il voulut devenir en  le leader de l’Europe, prononçant de longs et beaux discours. Mais, deux ans plus tard, les mots se sont envolés. Et l’Europe, en dépit de sa volonté, souffre de maux de plus en

plus préoccupan­ts.

« L’Europe, en dépit de sa volonté, souffre de maux de plus en plus préoccupan­ts. »

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DENIS JEAMBAR Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

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