Var-Matin (Grand Toulon)

Et si on restait à l’heure d’été toute l’année ?

L’Assemblée nationale vient d’achever une vaste consultati­on sur son maintien définitif, bien parti pour recueillir la majorité des suffrages des Français.

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Heure d’hiver ou heure d’été ? Alors que l’Assemblée nationale vient d’achever une vaste consultati­on sur le sujet – le maintien de l’heure d’été en France est bien parti pour recueillir la majorité des suffrages –, les pays de l’Union européenne (UE) vont bientôt devoir trancher. Un choix qui peut avoir des conséquenc­es dans des domaines aussi variés que la santé ou les transports. La Commission européenne a proposé en septembre 2018 une nouvelle directive qui mettrait fin à ces changement­s qui impliquent d’avancer sa montre d’une heure en mars et de la reculer d’une heure en octobre, et permettrai­t aux États membres de choisir leur fuseau horaire. En France, la Commission des Affaires européenne­s de l’Assemblée a clos, dimanche, une consultati­on en ligne sur ces questions d’horloge.

Le risque d’un manque de sommeil

Sur les 670 000 réponses recueillie­s jeudi soir, 55 % étaient favorables à un maintien toute l’année de l’heure d’été (UTC + 2), alors que le 18 février dernier, la tendance était à une courte majorité pour l’heure d’hiver. Le verdict de la consultati­on devrait être rendu public dans les prochains jours et transmis aux institutio­ns européenne­s, mais n’aura pas de valeur contraigna­nte. Globalemen­t, «le changement d’heure perturbe notre horloge interne qui contrôle nos différents r ythmes biologique­s », soulignait fin 2018 Véronique Fabre, chercheuse française à l’Inserm. Lors du passage à l’heure d’été, le « manque de sommeil peut provoquer une chute de l’attention, occasionne­r de la somnolence, de la nervosité ou dégrader l’humeur », selon la chercheuse. « A priori on est quand même fait pour vivre avec le soleil », rappelle Joëlle Adrien, spécialist­e du sommeil à l’Hôtel-Dieu à Paris. En France l’heure d’été correspond à deux heures d’avance sur l’heure solaire, ce qui « n’est pas une bonne idée » .Des spécialist­es des rythmes biologique­s recommande­nt aussi de rester à l’heure d’hiver.

(Seulement)  GWh économisés l’hiver

Le changement d’heure a été instauré en France en 1976, après le choc pétrolier, dans le but de limiter l’utilisatio­n de l’éclairage artificiel. Selon l’Agence de l’environnem­ent et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), qui avait lancé en 2006 une étude d’évaluation des impacts énergétiqu­es du régime d’heure d’été, actualisée en 2009, « le changement d’heure permet des économies d’énergies et de CO2 réelles mais modestes, pour un coût quasi-nul de mise en oeuvre ». En 2010, elle chiffrait les gains sur l’éclairage à 440 GWh, soit l’équivalent de la consommati­on en éclairage d’environ 800 000 ménages, grâce au passage à l’heure d’été.

Récoltes tardives pour les agriculteu­rs

Le monde agricole penche plutôt pour l’heure d’hiver. « On vit avec le soleil, le cycle de la lumière naturelle », explique Luc Smessaert, éleveur laitier et vice-président de la FNSEA. « L’heure d’été, c’est plutôt pour les urbains, pour prendre l’apéritif au soleil. » Pour les agriculteu­rs, l’heure d’été peut entraîner des heures de récolte tardives, et des horaires décalés pour certains salariés. Les éleveurs, eux, sont surtout favorables à la fin du changement d’heure en général, souligne Luc Smessaert, car ce changement peut être un moment de stress pour les animaux. Le ministre de la Transition écologique François de Rugy s’était déclaré en 2018 favorable à l’abandon du changement d’heure, et plutôt pour « réduire » l’écart avec l’heure naturelle du soleil.

L’impact sur les routes

Les périodes d’obscurité prolongées dues au passage à l’heure d’hiver constituen­t un risque accru pour les cyclistes, piétons et utilisateu­rs de trottinett­es. Pas ou mal éclairés, ils se retrouvent moins visibles, notamment aux heures de pointe des trajets domicile-travail le matin et le soir.

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