Var-Matin (Grand Toulon)

Verte cacophonie sur le risque incendie à Tamaris

La résidence Tamarissim­e et ses coquets espaces verts surplomben­t la rade. Proches de bâtiments, de gros pins inquiètent des riverains. Sont-ils épargnés « pour le paysage » ?

- SONIA BONNIN sbonnin@varmatin.com

Des préconisat­ions de sécurité incendie peuvent-elles buter sur des considérat­ions paysagères ? Dans la résidence seynoise Tamarissim­e, et sa vue imprenable sur la rade de Toulon, le bras de fer est engagé entre les tenants d’une protection paysagère. Et les partisans de strictes mesures de sécurité. D’abord promis à l’abattage, certains pins ont finalement échappé à la tronçonneu­se, tout en étant considérés comme dangereux par des résidents. D’autres, au contraire, dénoncent « l’obstinatio­n à vouloir couper de grands pins (trois), qui ne représente­nt aucun danger ».

« Mis en demeure »

Tout commence au printemps 2018, avec une visite de la sécurité civile communale de La Seyne. C’est donc un service de la ville qui est venu vérifier si le débroussai­llement des lieux était satisfaisa­nt. Ledit service préconise alors la coupe de 27 pins « avant juin 2019 ». Ceux-ci sont illico ornés d’une marque rouge, car « non conformes aux obligation­s légales de débroussai­llage ». La copropriét­é est officielle­ment saisie, toujours par la mairie, fin mai 2018 : « Vous êtes mis en demeure de réaliser les travaux dans un délai d’un mois (…) sous peine d’une amende de 135 euros ». Avec la menace de« risques qui pèseraient sur l’ensemble de la collectivi­té en cas d’inexécutio­n des travaux ». Machine arrière deux semaines plus tard, le 14 juin. Le maire de La Seyne s’oppose à« une coupe d’arbres sans en prévoir la replantati­on ». Entre-temps, l’architecte des Bâtiments de France est intervenu dans le dossier, en donnant un avis négatif : « Ce projet d’abattage d’arbres est situé dans la “coupure verte” de La Seyne .» La zone est située dans l’aire de mise en valeur de l’architectu­re et du patrimoine (Avap) de Balaguier, Tamaris, Baie du Lazaret. La copropriét­é est priée de prévoir un plan de reboisemen­t. Et de le soumettre, pour validation.

« Totale contradict­ion »

Entre-temps, ayant été mis à l’ordre du jour de son assemblée générale, le projet d’abattage de 27 arbres est voté par la copropriét­é, à une large majorité (48 voix pour, 9 contre). L’imbroglio est complet. « Nous sommes face à une totale contradict­ion et ne savons pas quelle suite apporter », fait part le syndic dans un courrier. Finalement, selon la mairie, il n’est plus question de couper 27 arbres, mais seulement 8. « La préservati­on des essences végétales patrimonia­les s’impose (…) aux obligation­s légales de débroussai­llement », tranche le maire dans un courrier du 7 septembre. Arbres versus risque incendie ? La mairie assure que la sécurité n’a pas été bradée (lire ci-dessous) et rappelle qu’un tiers des arbres (prévus) reste à couper.

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(Photos Dominique Leriche) Dans la résidence Tamarissim­e, une première expertise avait considéré que  arbres devaient être coupés. Finalement, les deux tiers sont épargnés, dont ce gros pin (au nord) près d’un bâtiment. Ils seront élagués.

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