Var-Matin (Grand Toulon)

Air cocaïne : folle semaine pour Frank Colin à Paris

Entre l’arraisonne­ment à Punta Cana et son interpella­tion à Paris, Frank Colin avait fait des pieds et des mains pour trouver des contacts haut placés dans la police et la politique

- G. D.

Pour boucler la troisième semaine du procès d’importatio­n en bande organisée de cocaïne, de décembre 2012 à mars 2013 entre la République dominicain­e et le golfe de Saint-Tropez, la cour d’assises spéciale des Bouches-du-Rhône a poursuivi hier l’audition des témoins approchés par Frank Colin. Du moins de ceux auxquels il avait confié sa volonté de démanteler un trafic internatio­nal de stupéfiant­s. Il y avait parmi eux des amis plus ou moins proches du Toulonnais, ainsi que des policiers ou douaniers. Il avait cherché à les rencontrer à Paris, au cours de la semaine qui a séparé l’arraisonne­ment du Falcon 50 à Punta Cana, de son interpella­tion à la sortie de la banque de la Défense où il avait visité son coffre le 28 mars 2013.

« Un projet farfelu »

« Il m’avait parlé en juillet 2012 de son projet de faire tomber un réseau de trafic de stupéfiant­s, a indiqué à la cour Olivier Jollin, un ami de vingt ans, dirigeant d’une société dans l’immobilier à Paris. Je n’ai pas compris pourquoi il m’en parlait à moi. Alors, je n’ai pas apporté plus de crédit à ce projet, qui me paraissait un peu farfelu. » Il était certain de la date, bien antérieure au premier vol vers Puerto Plata, parce que Frank Colin lui avait fait cette confidence au bord de la piscine de la maison qu’il louait à Gassin, et où il avait invité son ami à séjourner en famille. Il avait repensé à cette conversati­on après les interpella­tions à Punta Cana, quand Colin l’avait appelé pour lui dire qu’il venait à Paris. « On s’est rencontrés le 27 mars 2013 au Fouquet’s. Il était très confus dans ses propos. Il m’a dit qu’il était à l’origine de tout ça, et qu’il avait rendez-vous l’après-midi même au ministère de l’Intérieur avec Manuel Valls. Dans l’aprèsmidi, il m’a rappelé paniqué, en me demandant de le mettre en relation avec des hommes politiques. »

Un mythomane

On n’a pas réussi à retrouver un autre ami de Frank Colin, Thierry “Jed” Wong, un DJ qu’il avait connu en 2001 dans une boîte de nuit parisienne où ils travaillai­ent tous les deux. Celui-ci avait cependant été entendu par le juge d’instructio­n, auquel il avait dit avoir « des révélation­s importante­s à faire, pour faire avancer le dossier, et laver l’honneur de mon ami ». Il avait expliqué que Frank Colin cherchait à rencontrer des policiers, et qu’il l’avait mis en relation avec un journalist­e, trois jours avant son arrestatio­n. Par son entremise, Frank Colin avait rencontré un brigadier de police du cabinet du directeur général de la police nationale. Il lui avait dit avoir mis en place un convoyage de stupéfiant­s par jets privés, pour le compte de services de police étrangers, affirmant travailler pour la police roumaine et la DEA américaine. Il avait exhibé une plaque d’un service de lutte contre la drogue, qui avait semblé fausse au policier. Colin voulait donner à la police des informatio­ns sur la date et le lieu d’arrivée d’un prochain vol de stupéfiant­s. Le brigadier l’avait perçu comme un mythomane, ou quelqu’un qui cherchait une protection, ou à se ménager préventive­ment une défense. Le journalist­e ne l’avait pas davantage pris au sérieux.

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(Croquis d’audience Rémi Kerfridin) Franck Colin et Michel Ristic.

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