Var-Matin (Grand Toulon)

Youn Sun Nah, ou le jazz dans tous ses états... J’aurais aimé que Michel Legrand écoute ma version de Sans toi ”

La chanteuse coréenne, qui était venue illuminer Jazz à Toulon l’an dernier, sort un nouvel album, Immersion. Elle fera entendre ses compositio­ns le 16 mars à Sainte-Maxime, à 20h30

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

C’est l’une des plus belles voix du jazz contempora­in. Le jazz au sens large et universel, remixé aux différente­s influences pop, rock, folk et cultures orientales et occidental­es. Née en Corée dans un environnem­ent familial musical, Youn Sun Nah est une enfant de l’art vocal. Éduquée au Gospel et initiée à la comédie musicale dans son pays natal, c’est dans la fièvre nocturne des clubs parisiens que la chanteuse a exprimé tout son swing. Entre reprises d’auteurs qu’elle admire (Leonard Cohen, George Harrison, Michel Legrand, Marvin Gaye) et ses propres compositio­ns, Youn Sun Nah propose son nouveau répertoire parsemé de sonorités pop électros. Entre ballades romantique­s et morceaux plus rythmiques, une Immersion aux divers sons, branchée sur de multiples courants, à écouter sans modération sur la Scène . Monter sur scène chanter ses nouvelles chansons, au lendemain de la sortie de votre album Immersion. Pression ? J’ai déjà commencé à le roder un peu, mais Mougins figure parmi mes premières scènes. C’est à la fois stressant et excitant. Au début, on a un peu peur des réactions du public mais finalement, on passe outre et on se lance.

Votre répertoire s’élargit de plus en plus. Qu’en sera-t-il samedi ? Je vais me produire en trio avec deux instrument­istes, un guitariste qui sera aussi au piano-clavier, et un autre à la basse et batterie. Nous allons jouer tous les morceaux de mon nouvel album, et quelques titres des précédents.

Ce nouvel album accueille des sonorités électros ? Oui, j’avais envie d’expériment­er plein de sons différents, je voulais encore évoluer dans d’autres directions. Il y a moins d’improvisat­ion et d’acoustique que pour les précédents, mais ce n’est pas non plus un album électro ! On a gardé des prises live, sur lesquelles on a ajouté quelques sonorités électros. C’était un travail très intéressan­t pour moi, et je suis curieuse de voir ce que ça va donner sur scène.

Comme dans tous vos albums, il y a un mélange de reprises et de compositio­ns originales ? En écoutant mes maquettes, le producteur Clément Ducol (N.D.L.R. : producteur de Camille, Mélodie Gardot, Christophe) voulait faire un album entier avec mes compositio­ns, mais je manque toujours de confiance pour révéler certaines de mes chansons. Et puis j’aime beaucoup interpréte­r de beaux morceaux des autres alors finalement, on a fait /. Après, un album, c’est toujours l’inspiratio­n du moment.

Il y a notamment cette reprise de Michel Legrand, Sans toi, qui résonne fortement après sa disparitio­n ? L’album était déjà fini et le morceau enregistré quand Michel Legrand nous a quittés. Je l’avais rencontré une fois il y a quelques années, alors qu’on travaillai­t sur un même projet. Je me souviens de cette scène où il s’est installé à son piano, il était tellement passionné ! Petite, j’avais entendu quelques-unes de ses chansons qui passaient à la radio en Corée mais c’est lorsque je suis venue en France que je l’ai vraiment redécouver­t. Michel Legrand appartient vraiment au patrimoine du jazz, c’est une référence, et j’aurais tellement aimé qu’il puisse écouter notre version de Sans toi...

En signant chez Warner, votre

nouveau label, vous escomptez élargir encore votre public, bien au-delà des jazzophile­s ?

Je ne sais pas si mon public sera plus large, j’espère. J’ai signé avec la Warner américaine et l’album va sortir là-bas, on verra. Mais en fait, ce que je recherche, ce n’est pas un succès incommensu­rable. Je veux juste chanter le plus possible, partout dans le monde.

Une de vos compositio­ns s’intitule Invincible. Vous vous sentez comme ça ? Quand j’ai composé ce titre, je n’arrivais pas à mettre des paroles sur cette mélodie. J’ai fait appel à une Bird Paula, une autre chanteuse, auteurcomp­ositrice américaine qui vit à paris. On a eu un feeling immédiat, comme deux âmes soeurs. Invincible, en fait, on le devient quand on meurt, mais quand on vit, on a toujours nos failles... Mais faut-il toujours dissocier vie et mort ? C’est comme le yin et le yang…

Le Gospel, la meilleure école pour la voix ? Oh, je n’en ai pas chanté longtemps. Ma voix vient davantage de mon patrimoine génétique car mes parents sont tous les deux musiciens, mon père était chef de choeur et ma mère chante dix fois mieux que moi, elle a une voix incroyable ! Après, malgré cet héritage, j’ai travaillé le jazz et le chant quand je suis venue vivre à Paris.

La France, où vous avez vécu vingt ans, deuxième patrie ? Exactement, je lui dois beaucoup, le public français est l’un des meilleurs, et je dis souvent que je suis un peu « made in France ». (rires)

Et puis la Côte d’Azur, et notamment Jazz à Juan, où vous avez remporté le Grand prix du concours Révélation­s ? Ah, j’en reviens toujours pas ! Quand j’ai obtenu le prix, j’ai failli en tomber par terre, je ne pouvais pas rêver mieux. C’était la première fois que ma mère venait me voir en France, et elle a gardé l’affiche du Festival : il y a tous ces noms, Keith Jarrett, Sonny Rollins... et puis Youn Sun Nah ! J’en suis très fière !

Le grand Prix Révélation­s de Jazz à Juan, je n’en reviens toujours pas ”

Vous avez envie d’explorer quelles autres contrées musicales ? Ah, j’ai toujours envie d’apprendre plein de choses dans ce domaine. J’aimerais voyager au Brésil et en Afrique pour apprendre leurs musiques et leurs techniques vocales.

À travers vous, on se rend compte que le jazz est toujours vivant, en perpétuell­e évolution ? Ah oui, j’espère ! On essaie toujours qu’il ne vieillisse jamais.

Savoir + Youn Sun Nah en concert, samedi  mars à  h  (durée  h ). De  à  euros.      ; contact@scene.fr

 ?? (Photo DR) ?? Youn Sun Nah, la plus française des jazzwomen coréennes, va donner de la voix sur la Scène .
(Photo DR) Youn Sun Nah, la plus française des jazzwomen coréennes, va donner de la voix sur la Scène .

Newspapers in French

Newspapers from France