Var-Matin (Grand Toulon)

TOULON Àborddu Charles-de-Gaulle reparti en mission

Le porte-avions et son escorte ont appareillé mardi de Toulon et mis le cap sur la Méditerran­ée orientale. Reportage à bord, à quelques jours d’une nouvelle interventi­on contre Daech

- Textes et photos : P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

« Il faut terminer le travail contre Daech. » Ces quelques mots de Florence Parly, ministre des Armées, prononcés mardi au large de Toulon, deux heures à peine après l’appareilla­ge du Charles-de-Gaulle et de son escorte, les marins du porte-avions français n’auront pas mis longtemps à se les approprier.

Retour dans le grand jeu

Comme ce fut déjà le cas après les attentats de 2015 contre

Charlie Hebdo ,l’ Hyper Cacher et le Bataclan ,le Charles-de-Gaulle part à nouveau en guerre contre l’État islamique. Ou du moins ce qu’il en reste. Direction la Méditerran­ée orientale, plus particuliè­rement au large des côtes syriennes, que le groupe aéronaval devrait atteindre dans les tout prochains jours. « Après des mois de chantier, le bateau et son équipage sont de retour dans la vraie vie. Dans le grand jeu des opérations », jubile le capitaine de vaisseau Marc-Antoine de Saint-Germain. L’enthousias­me du commandant du Charles-de-Gaulle tient plus du niveau opérationn­el atteint en très peu de temps par le porte-avions que de l’excitation des éventuelle­s futures frappes contre le confetti du « califat ». « Après un arrêt technique d’une rare complexité, le Charles-de-Gaulle est encore plus efficace que lors de la mission

Arromanche­s 3, où il était pourtant déjà passé au tout-Rafale », explique le pacha devant une récente photo, sur laquelle on voit trente Rafale alignés sur le pont d’envol ! Si le cliché est impression­nant, le nombre de chasseurs embarqués pour cette opération Clemenceau n’est « que » de vingt. Auxquels s’ajoutent deux avions de guet Hawkeye, deux hélicoptèr­es Dauphin et un hélicoptèr­e Caïman Marine (NH90). Un groupe aérien embarqué que commande le capitaine de frégate (CF) Christophe Charpentie­r. Des responsabi­lités qui ne l’empêchent pas de voler. « Il est important, même fondamenta­l, que je continue de voler, de jour comme de nuit. Ça me donne du poids vis-à-vis des autres pilotes, et ça me rend légitime vis-à-vis de l’état-major », explique-t-il posément.

En attendant de passer à l’action

S’il ne sait pas encore de quoi seront faites les sorties aériennes, le CF Charpentie­r a en revanche une certitude : « Dans le mois qui vient, les Rafale du Charles-de-Gaulle voleront audessus de la Syrie, c’est sûr ».

Que ce soit pour de l’appui aérien au sol au profit des Forces démocratiq­ues syriennes (FDS), des vols de reconnaiss­ance, ou même pour « traiter

des objectifs » (détruire des cibles, dans le langage moins édulcoré des civils), lui et les 31 autres pilotes embarqués sur le porte-avions savent faire. C’est ce que le CF Charpentie­r est allé dire en début d’année au centre de commandeme­nt des opérations aériennes de la coalition internatio­nale, situé au Qatar. « Orphelins » du porte-avions le temps du chantier, les pilotes de l’aéronavale ont mis les bouchées doubles depuis leurs « retrouvail­les physiques » avec le bateau, en septembre dernier. En route pour le Levant, ils continuent de s’entraîner. Dans une odeur envahissan­te de kérosène, qui ne serait sans doute pas pour déplaire au lieutenant-colonel Bill Kilgore (Apocalypse Now), les catapultag­es et appontages s’enchaînent. De jour comme de nuit. Le CF Charpentie­r, 3 000 heures de vol au compteur, n’est pas le dernier. Dans la foulée d’une interview accordée aux quelques médias « embedded » cette semaine, il s’apprêtait à aller larguer une bombe à guidage laser sur une cible flottante en mer… Mais comme prévient Florence Parly : « Le combat contre Daech ne se terminera pas avec la chute de son dernier réduit, d’ici quelques jours. »

 ??  ??
 ??  ?? L’un des vingt chasseurs Rafale embarqués, quelques dixièmes de seconde à peine avant son catapultag­e. Une action au cours de laquelle l’avion passe de  à  km/h en  secondes, sur une distance de  mètres à peine !
L’un des vingt chasseurs Rafale embarqués, quelques dixièmes de seconde à peine avant son catapultag­e. Une action au cours de laquelle l’avion passe de  à  km/h en  secondes, sur une distance de  mètres à peine !

Newspapers in French

Newspapers from France