« Le CNRS est un modèle unique au monde »
Interview express Alain Schuhl, numéro 2 et délégué général à la Science
Délégué général à la Science, il est, depuis quelques mois, le n°2 du CNRS. Pour les quatre-vingts ans de l’institution, Alain Schuhl a décidé d’entreprendre un tour de France qui vient de débuter à Nice Sophia Antipolis, avec une visite du laboratoire I3S.
Pourriez-vous brosser un rapide tableau du CNRS ? Pour aller très vite, la Caisse nationale de la recherche scientifique est née en , devenue plus tard CNRS. Depuis le début des années soixante, c’est un modèle unique au monde. Aujourd’hui encore, sur laboratoires en France, sont mixtes, c’est-à-dire partagés avec des universitaires.
Peut-on évoquer quelques contributions majeures ? Une manière simple de le faire consiste à rappeler que, chaque année, le CNRS attribue une médaille d’or, la plus haute distinction scientifique française. En , celle-ci a été décernée à Barbara Cassin, qui a mené, sur une vingtaine d’années, un projet de « dictionnaire des intraduisibles ». Ce qui montre que, même dans le domaine de la philosophie et plus largement des sciences humaines et sociales, nous avons eu d’importantes contributions. En , la médaille d’or avait couronné un travail sur la détection des ondes gravitationnelles, Nice étant à l’honneur avec le physicien Alain Brillet. L’année d’avant, un programme sur les mathématiques avait été récompensé. C’est la force du CNRS que de favoriser l’interdisciplinarité.
Nice est en pointe sur l’intelligence artificielle ? L’intelligence artificielle, c’est à la fois le travail sur les méthodes formelles et sur les algorithmes, et des applications dans tous les domaines de la société. On s’en sert, par exemple, pour développer de nouveaux matériaux. C’est aussi un outil d’aide à la décision, très utile notamment dans le secteur de la médecine ou de la justice. En matière de fouille de textes ou de données, l’intelligence artificielle permet d’exécuter des tâches que l’homme ne pourrait pas accomplir avec la même rapidité.
Nice fait partie des projets phares ? Nice est, en effet, l’un des quatre dossiers présélectionnés, sur douze au départ, dans le cadre du programme sur l’intelligence artificielle lancé par le Président Macron et financé par un grand emprunt. Programme qui fait suite au rapport rendu par le mathématicien Cédric Villani. Il est important de le souligner, car nous n’avons pas beaucoup, en France, d’hommes politiques ayant soutenu une thèse dans une discipline scientifique. C’est important pour nous. Pour en revenir à la candidature de Nice, retenue en même temps que celles de Grenoble, Toulouse et Paris, ce n’est pas tout à fait la fin de l’histoire, puisque les quatre projets peuvent passer, il n’est d’ailleurs pas exclu qu’un cinquième soit présenté. En tout cas, le site de Nice, sans être le plus gros, l’a toujours montré par le passé : il sait attirer l’excellence et se mobiliser collectivement.
Comment rendre ce e anniversaire accessible ? Un effort est consenti au niveau national, pour aller vers tous les publics. Huit conférences seront ainsi données, sur des thématiques que l’on peut rendre accessibles à tout le monde. Tout ceci s’achevant lors d’un événement international, à Paris. Durant toute l’année, des événements se succéderont, et sur l’ensemble du territoire.