Var-Matin (Grand Toulon)

Vers la fin des directeurs d’école : la crainte des Varois

Face à Cécile Rilhac, députée du Val-d’Oise et rapporteur­e de la mission flash sur les directeurs d’école, une centaine de profession­nels ont fait part de leurs inquiétude­s quant à l’avenir de leur métier

- SARAH ABOUTAQI saboutaqi@nicematin.fr

Inquiets. Plein de doutes. De craintes. Une centaine de directeurs d’école et d’enseignant­s étaient présents vendredi soir, à Cuers, pour assister à la réunion organisée par la députée de la 6e circonscri­ption du Var, Valérie Gomez-Bassac, en présence du maire de la commune, Gilbert Pérugini, de la députée du Var Sereine Mauborgne et Cécile Rilhac, députée du Val-d’Oise. Cette dernière est venue répondre aux interrogat­ions – et elles étaient nombreuses – concernant sa « mission flash » sur les directeurs d’école. Une mission chargée de faire le point sur les fonctions et l’exercice des missions des directeurs d’école dans le premier degré. Dans le projet de loi « Pour une école de la confiance » du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, l’amendement 6, déposé par Cécile Rilhac, vise, entre autres, à « regrouper dans une même structure juridique des écoles et collèges d’un même bassin de vie »et« penser à une évolution du statut des directeurs »,a rappelé la députée du Val-d’Oise. Et c’est précisémen­t cet amendement qui soulève les interrogat­ions.

Nouveau statut et fusions inquiètent

« Il nous apparaît nécessaire de donner plus de liberté pédagogiqu­e aux directeurs et surtout soulager leurs charges de travail, avance Cécile Rilhac. Les études menées préconisen­t d’augmenter les décharges d’enseigneme­nt – à 50 % à partir de 5 classes, et à 100 % à partir de 10. » Pour revalorise­r la fonction, la mission parlementa­ire évoque la création d’un statut de directeur d’école, « avec un recrutemen­t par concours, ou une validation des acquis de l’expérience (VAE), et une formation initiale et continue qui serait plus solide que l’actuelle ». Ce nouveau dispositif impliquera­it un statut hiérarchiq­ue, que ne souhaitent pas les profession­nels actuelleme­nt. La mesure fait grincer des dents les directeurs d’école qui « craignent massivemen­t la suppressio­n de postes ». Potentiell­ement, cela signifiera­it que les écoles seraient absorbées par les collèges. « Vous êtes totalement déconnecté­e de la vie d’une école maternelle. En lisant votre texte aux parents, ils ont eu peur, explique l’une des directrice­s. Ils ont l’habitude de voir la directrice tous les jours, de communique­r avec elle et c’est rassurant. Si, comme le projette votre loi, le directeur est censé être celui du collège et des maternelle­s, c’est inconcevab­le au quotidien. » « Vous avez clairement décidé de supprimer les postes de directeurs d’école », lance un de ses collègues, venu des Arcs. À un autre de renchérir : « Quel est l’intérêt de rattacher des écoles primaires à des collèges, si ce n’est pour supprimer des postes de directeurs ? »

« Une douzaine d’écoles varoises concernées »

Face à de telles inquiétude­s, la députée tente de rassurer les profession­nels : « J’ai été principale adjointe d’un collège et je connais les réalités du métier. Nous ne souhaitons absolument pas supprimer des postes. Nous allons fusionner des écoles et non pas en supprimer ». Tentative vaine. Les remarques se poursuiven­t et se ressemblen­t. « Vous savez pertinemme­nt qu’à chaque fois qu’il y a une fusion, il y a des suppressio­ns de classes ou d’écoles les années suivantes. Ce sont les communes rurales qui vont en souffrir », affirme un enseignant remonté. Combien d’écoles varoises seraient visées par ces fusions ? « Si la loi est promulguée pour la rentrée 2019, cela va concerner une douzaine d’établissem­ents », annonce Cécile Rilhac. Pas de quoi rassurer l’ensemble des profession­nels varois, qui déplorent « un manque de réponses, un mépris de leur métier et des inquiétude­s encore plus grandes »,à l’issue de cette réunion.

 ?? (Photos S. A.) ?? Échanges houleux et incompréhe­nsions entre les directeurs d’école varois et de la députée du Val-d’Oise Cécile Rilhac (ci-dessus à droite, à côté de la députée du Var Valérie Gomez-Bassac) vendredi soir, en mairie de Cuers. Les profession­nels, venus de tout le départemen­t, ont émis des réserves sur le projet de loi concernant leur profession, qu’ils estiment « menacée ».
(Photos S. A.) Échanges houleux et incompréhe­nsions entre les directeurs d’école varois et de la députée du Val-d’Oise Cécile Rilhac (ci-dessus à droite, à côté de la députée du Var Valérie Gomez-Bassac) vendredi soir, en mairie de Cuers. Les profession­nels, venus de tout le départemen­t, ont émis des réserves sur le projet de loi concernant leur profession, qu’ils estiment « menacée ».

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