Var-Matin (Grand Toulon)

Une famille niçoise partie au djihad arrêtée en Syrie

Andréa Sovieri a été arrêtée mardi avec ses trois enfants par les forces arabo-kurdes, à l’est de la Syrie. Son mari Oussama Ben Chaieb serait toujours retranché dans Baghouz

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Baghouz, à l’est de la Syrie, le 5 mars dernier : après quatre années passées au coeur de l’État islamique (EI), Andréa Sovieri a fini par se rendre aux forces arabo-kurdes. La Niçoise, partie en 2014, est blessée après avoir reçu une balle dans la jambe. Sur un cliché diffusé sur Internet, elle apparaît recouverte d’un long voile noir et marche avec des béquilles. Accrochés à elle, au milieu du désert syrien, ses trois enfants : Medhi, 11 ans, Nabil, 8 ans, tous deux nés en France, et Amina, la petite dernière, née en 2016 au coeur de l’État islamique.

Où se trouve le père ?

Tous trois semblent être en bonne santé. Impossible en revanche de dire où se trouve leur père, Oussama Ben Chaieb. Selon sa compagne, il serait au côté des derniers combattant­s de Daech. Pas impossible, dans la mesure où ce Niçois, qui fait depuis plusieurs années l’objet d’un mandat d’arrêt internatio­nal, est soupçonné d’avoir travaillé au sein du service de propagande de l’EI. Connu pour ses compétence­s en matière de montage vidéo, il était aussi - avant de rejoindre l’État islamique - le bras droit du Niçois Omar Omsen, à la tête d’un groupe de combattant­s d’Al-Quaïda en Syrie. Andréa Sovieri, son compagnon Oussama Ben Chaieb et leurs deux enfants avaient quitté la région niçoise en septembre 2014, en compagnie de la mère d’Oussama, ses deux soeurs, leurs époux et leurs enfants. Onze personnes en tout, qui ont rejoint la Syrie en voiture. Avant d’entreprend­re ce voyage, Andréa était allée dire au revoir à son père Ivano, qui se souvient : « Les derniers jours avant son départ, elle voulait toujours être avec moi. Elle n’était pas comme d’habitude mais je n’ai rien soupçonné. » Arrivée en Syrie, la famille ne s’est jamais installée à Raqqa, alors capitale de Daech. Ils ont d’abord vécu à Shadadi, au nord-est du pays. Là-bas, les deux garçons du couple sont allés à l’école de l’État Islamique.

La question du retour

Andréa, elle, faisait des baguettes pour le boulanger du quartier. À mesure que l’organisati­on terroriste a perdu du terrain, la famille a dû déménager à maintes reprises. Jusqu’à ce que l’errance d’Andréa Sovieri et de ses enfants prenne fin, mardi 5 mars. Se pose évidemment maintenant la question de leur retour. Mardi, à la sortie de Baghouz, ultime réduit de l’organisati­on terroriste, la Française a répondu aux questions d’un journalist­e de RFI (Radio France Internatio­nale). « On est venu, on va repartir pourquoi ? Après quoi ? Je vais en prison, mes enfants sont séparés de moi, ils voient plus leur père ? On sait que si on part (vers la France) on ira en prison. » Pour les autorités françaises, il n’y aura pour le moment aucun rapatrieme­nt d’adultes (lire cicontre), et le sort des enfants reste flou. Dans les Alpes-Maritimes, le père d’Andréa laisse exploser sa colère : « Ma fille, son mari, ils ont des mandats d’arrêts internatio­naux. Un mandat d’arrêt, ça veut rien dire en fait ? Ma fille est là-bas, et la justice française ne va pas la chercher ? Mes deux petits-enfants nés en France, je les connais. Je sais qu’ils seront heureux de nous retrouver. On ira à la pêche, voir les matchs de l’OGC Nice comme avant. On est une grande famille prête à leur donner de l’amour. Ce sont des enfants ! On nous parle de les reconstrui­re, mais il suffira de quelques pains au chocolat et de bonbons et ce sera gagné. Je me battrai pour les ramener. » En attendant l’issue de leur périple, et alors que la question du rapatrieme­nt des enfants vers la France devient de plus en plus cruciale, Andréa et ses trois enfants vivent pour l’heure dans le camp de déplacés kurdes d’Al-Hawl, au nordest de la Syrie.

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Ces familles ont été évacuées le week-end dernier par les forces démocratiq­ues syriennes de Baghouz, où sont retranchés les derniers combattant­s de Daech.

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