Le ventre, l’autre nerf de la guerre
Pour que le Charles-de-Gaulle puisse opérer loin et longtemps, « durer à la mer » comme aiment dire les marins, il faut bien sûr que son équipage soit en mesure d’entretenir le matériel à bord. Navire et avions. Mais on sait aussi l’importance du moral des hommes. Lorsqu’on part en mission pendant plus de quatre mois, bien manger devient primordial. S’assurer que l’équipage du porteavions mange équilibré et avec plaisir, c’est la mission du lieutenant de vaisseau Franck, responsable du service restauration à bord, qui, avec un sens de l’humour certain, arbore sur l’épaule gauche un écusson brodé sur lequel on peut voir un Rafale avec… deux fourchettes, un couteau et une cuillère sous les ailes !
Un ravitaillement à la mer tous les jours
Et le poste n’a rien d’une sinécure. Quelques chiffres suffisent à s’en convaincre. La restauration à bord du Charles-de-Gaulle –« une cuisine de collectivité, mais traditionnelle », précise le LV Franck –, c’est 5 700 repas quotidiens (petits-déjeuners inclus) ! Le LV Franck insiste sur un point : « Du commandant au matelot, tout le monde à bord mange la même chose. » De leur côté, les trois boulangers du bord façonnent entre 1 400 et 1 900 baguettes par jour, qui nécessitent 400 kg de farine. Inutile de dire que pour ce long déploiement, le Charles-de-Gaulle a quitté Toulon les cambuses pleines à ras bord. Et là encore, les chiffres sont frappants. Avant d’appareiller, le porte-avions a ainsi embarqué 270 tonnes de vivres, qui lui assurent 45 jours d’autonomie. Mais un ravitaillement à la mer a lieu malgré tout tous les 10 jours pour compléter. Avec une telle organisation, les quelque 1 900 marins actuellement à bord ont bien évidemment droit à un peu de fantaisie dans leur assiette. « On ne fait pas beaucoup d’escales, alors le rôle du service restauration est de faire voyager les marins dans l’assiette », glisse le LV Franck. Avant d’ajouter : « La qualité nutritionnelle, la diététique des menus est validé par le médecin du bord. »