Var-Matin (Grand Toulon)

Grand débat : leurs propositio­ns en matière de santé Actu

Dépassemen­ts d’honoraires, accès aux soins, déserts médicaux... Dans le cadre du Grand débat national, des citoyens ont livré leurs idées pour améliorer le système de santé

- AXELLE TRUQUET atruquet@nicematin.fr

Les mutuelles de la Mutualité Française ont souhaité apporter leur pierre à l’édifice du Grand débat national en proposant à leurs adhérents de relayer leurs propositio­ns en matière de santé. À l’occasion d’une réunion ouverte au public à Nice, chacun a pu prendre la parole et partager ses idées pour améliorer le système. Deux grands thèmes ont été abordés : l’accès aux soins et les obstacles financiers. Thierry Pattou, président de la délégation départemen­tale des Alpes-Maritimes de la Mutualité Française n’a pas manqué de rappeler en préambule la particular­ité du territoire azuréen : « nous sommes dans un départemen­t atypique avec une bande côtière très urbanisée et médicalisé­e et un accès aux soins plus complexe dès qu’on s’éloigne vers le nord. » Référence à la désertific­ation médicale de l’arrière-pays qui pose de plus en plus problème. Parmi les propositio­ns visant à garantir l’accès aux soins a été proposée « la possibilit­é pour les médecins de prendre des remplaçant­s pour le week-end, ce qui limiterait aussi le recours aux urgences en dehors des horaires de bureau ». S’il existe déjà des maisons médicales accolées aux services d’urgences, permettant de soigner la « bobologie », « pourquoi ne pas les généralise­r et élargir leurs horaires d’ouverture ? », interroge une personne dans le public. Pour pallier l’absence de médecins dans les communes de l’arrière-pays, il a été suggéré « d’obliger les jeunes médecins qui achèvent leurs études à s’installer pendant un an ou deux dans un désert médical, ils seraient ensuite remplacés par les nouveaux diplômés et ainsi de suite. C’est ce qui se passe déjà dans d’autres pays ».

Maisons de santé ou dispensair­es en ville

Autre solution avancée par un retraité toujours dans le même ordre d’idées : généralise­r les maisons de santé, y compris – voire surtout – en ville. « Nous avons vécu en Espagne. Là-bas – à l’époque en tout cas – la médecine de ville n’existait pratiqueme­nt pas : lorsqu’on était malade on allait dans un dispensair­e. Ça fonctionna­it parfaiteme­nt parce que les locaux étaient bien équipés et les rendez-vous rapides. » Mais, cette personne insiste sur le fait qu’il y aurait alors un écueil majeur à éviter, celui de tomber dans une médecine à deux vitesses : « ces structures seraient vouées à recevoir tous les patients indistinct­ement de leur niveau de revenu. » En clair, il ne s’agirait pas là de proposer des dispensair­es pour les plus pauvres, ce n’est absolument pas l’objectif. Le but étant d’éviter l’encombreme­nt des urgences et de permettre à chacun de consulter un médecin dans des délais raisonnabl­es. Un ancien profession­nel de santé a souligné l’importance de débarrasse­r les médecins des tâches administra­tives. Il prône «la réouvertur­e des hôpitaux périphériq­ues. Avant on y trouvait des internes périphériq­ues. Parfois, ils finissaien­t par s’installer dans ces zones parce qu’ils y avaient pris goût. Or, aujourd’hui, avec la fermeture de ces établissem­ents, les jeunes font leur internat dans les grandes villes et lorsqu’ils veulent s’installer, ils y restent. » Et un autre de poursuivre : « pourquoi ne pas imposer une procédure de nomination au sortir des études de médecine ? Un peu comme les enseignant­s : ils ne choisissen­t pas l’établissem­ent au sein duquel ils sont affectés mais formulent simplement des voeux. » Autre sujet abordé par les participan­ts : le dossier médical partagé (DMP). « Il faudrait inclure le DMP à la carte Vitale afin que ce soit le patient qui choisisse qui peut avoir accès à son dossier, afin de préserver le secret médical. »

Prévention et augmentati­on du prix du tabac

Deuxième grand thème : la question financière, cruciale. Chacun en convient, il devient difficile de trouver dans la région un spécialist­e convention­né en secteur 1 (pratiquant des tarifs fixés par la Sécurité sociale, par opposition aux médecins de secteur 2, qui peuvent appliquer des honoraires libres). Une personne suggère : « pourquoi ne pas s’inspirer du système monégasque ? Sur la carte d’assuré social figure une “couleur” qui détermine le tarif de la consultati­on : si vous avez de hauts revenus vous paierez plus cher. » Pour limiter les dépenses, un levier : la prévention, qui peut permettre d’éviter d’avoir à consulter. « Il faut insister sur des campagnes de prévention » mais aussi « augmenter sensibleme­nt le prix du tabac pour qu’il soit réellement dissuasif », entend-on dans le public. Une personne invite enfin à se pencher sur la situation vécue par les citoyens souffrant de handicap : « dans un souci d’égalité, il est nécessaire de revalorise­r la PCH [la prestation de compensati­on du handicap est allouée par le départemen­t et permet la prise en charge de certaines dépenses liées au handicap, Ndlr] .» La Mutualité Française a consigné l’ensemble des propositio­ns de ces citoyens qui seront versées aux doléances formulées partout en France. La santé est l’affaire de tous, les enjeux sont fondamenta­ux. Vous pouvez vous aussi formuler vos propositio­ns (dans tous les domaines) sur le site officiel granddebat.fr jusqu’au  mars prochain.

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(Photo Ax. T.) Les mutuelles de la Mutualité Française ont organisé une réunion pour collecter les propositio­ns des citoyens, qui seront transmises au gouverneme­nt.

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