Var-Matin (Grand Toulon)

Des Gilets jaunes condamnés pour avoir « pris » le péage

Trois hommes et une femme, qui manifestai­ent samedi dernier à Bandol, ont écopé de peines d’emprisonne­ment ou d’amendes avec sursis devant le tribunal correction­nel

- F. D.

L’audience a été longue car la présidente du tribunal correction­nel de Toulon, Christel EstienneGa­rcia souhaitait aller au fond des choses. Et disséquer le profil de ces Gilets jaunes qui ont été interpellé­s samedi dernier au péage de Bandol. Poursuivis pour certains pour « participat­ion à un groupement formé en vue de la préparatio­n de violences ou de dégradatio­n » et, pour d’autres, pour « dégradatio­n ou destructio­n de bien », ils ont été condamnés à des peines diverses : 1 000 euros d’amende avec sursis pour deux d’entre eux qui n’avaient pas démonté de barrière de péage ; deux et trois mois de prison pour ceux qui ont reconnu avoir agi. Car c’est bien ce démontage de plusieurs barrières de péage pendant le week-end qui a ulcéré la société Vinci qui gère le péage de Bandol. « Une cinquantai­ne d’individus s’était rassemblée et certains se sont dirigés vers les barrières de péage pour les enlever. Les policiers ont alors poursuivi le groupe dont quatre éléments ont été arrêtés : vous », a résumé la magistrate.

« Je suis une activiste pacifique »

« Tous les quatre, vous n’avez opposé aucune résistance mais des photos prises indiquent que vous étiez soit encagoulés, soit équipés d’un masque de chirurgien. Vous saviez donc que ce que vous faisiez était illégal ? » Entendu, un policier a raconté : «Une femme incitait à prendre de force le péage en haranguant la foule ». « Je n’ai jamais appelé à forcer le barrage ! », a rétorqué la jeune femme. « On voulait juste faire passer gratuiteme­nt les automobili­stes. Moi, je suis une activiste pacifique ». Même son de cloche chez son voisin qui a assuré « être parti du péage rapidement par peur d’être percuté par une voiture ou un camion ». Se tournant vers le troisième prévenu, la présidente l’a interrogé : « Pourquoi aviez-vous une bombe lacrymogèn­e sur vous ? ». « Par précaution. Je suis sur le camp de Bandol quasiment jour et nuit. Samedi, on voulait démonter les barrières et les emmener un peu plus loin mais sans les casser », s’est-il défendu. En tout cas, tous l’ont reconnu à la barre : « On se sent cons d’être là aujourd’hui ! ».

Deux heures de péage perdues

Aux intérêts de Vinci, le cabinet Abeille a expliqué que la société d’autoroute avait « perdu deux heures d’exploitati­on. Hélas, Vinci cristallis­e la vindicte des gilets jaunes ». Dans la salle, des gilets jaunes, venus en soutien, se sont manifestés, rapidement rappelés à l’ordre. Avant que le procureur de la République, Patrick de Firmas, ne prenne la parole : « Dans ces quatre-là, on a l’activiste, le suiveur et les deux cabossés de l’existence qui ont démonté les barrières ». Finalement, le tribunal a revu le quantum des peines demandées à la baisse, suivant les plaidoirie­s des avocates des prévenus : tout en mesure.

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