« A la Capte, le cadre de vie n’a pas changé, mais la clientèle touristique a évolué »
Roger servait de l’Antésite aux ouvriers
Dès l’âge de 4 ou 5 ans, Roger écumait le salin pour servir de l’Antésite aux adultes qui s’escrimaient sous le cagnard. Devenu manoeuvre, chef d’équipe puis chef de chantier, il a passé ses six derniers mois de carrière au secrétariat. C’était en 1995, à la fermeture définitive du site décidée par la Compagnie des salins du Midi. Secrétaire du syndicat CGT, délégué du personnel, il a aussi présidé pendant dix ans le conseil des prudhommes de l’agriculture varoise. Il évoque le mouvement social d’avant fermeture, la visite de la députée Yann Piat, mais retient surtout l’usage de camions de gros tonnage qui ont fait s’affaisser les sols « et rendu le sel seulement bon à déneiger les routes ». En leur for intérieur, les Soda père et fils restent conscients de la fragilité de la production à Hyères (35 000 tonnes/an à l’époque) « quand Aigues-Mortes en produit 450 000 tonnes et le Salin-de-Giraud un million ». La famille Soda aura habité presque toutes les maisons du village ouvrier des Pesquiers, ainsi que dans la maison disparue où se trouve maintenant le stand de poterie. « Dans la pinède des Pesquiers, chacun avait son potager et il y avait une plantation d’asperges, se souvient Roger. On y trouvait des salades sauvages, des lactaires et des girolles .»
« C’est du pain béni de vivre ici »
Son fils Thierry, qui a grandi aussi à la Capte et y est caviste depuis 24 ans, voit d’un bon oeil le projet de restructuration du hameau en complexe hôtelier écolodge. « Tout projet qui remettra de la vie est à encourager », ditil en précisant : « Le cadre de la presqu’île n’a pas changé, mais la clientèle s’est boboïsée. Il n’y a qu’à voir le type de restaurants qui marchent bien. Il faut se mettre au goût du jour. Ici à la Capte, le plus important est qu’on puisse conserver la mairie annexe et la Poste. L’agence postale tourne bien grâce aux commerces de la Capte et de la Bergerie. » Roger, lui, regrette le temps où « les commerces à l’année étaient plus nombreux alors qu’il y avait moins d’habitants qu’aujourd’hui à la Capte ». Thierry Soda conclut : « Ça reste du pain béni que de vivre ici. »