Assises : un braquage en onze minutes à Toulon
Poursuivi par des témoins et coincé par la Bac dans les rues du quartier Saint-Roch, Joseph Cavalieri avait fait feu trois fois, avec un revolver subtilisé la veille à l’ami qui l’hébergeait
Devant la cour d’assises du Var, enquêteurs, experts et témoins ont été entendus hier, sur les circonstances du vol à main armée et des tirs commis par Joseph Cavalieri à Toulon le soir du vendredi 22 juillet 2016. Les faits décrits se sont enchaînés à une cadence folle. L’ensemble n’a duré qu’une dizaine de minutes, comme l’a indiqué le chef du groupe de répression du banditisme de la police judiciaire (PJ) de Toulon. « Le système de vidéosurveillance du Spar de l’avenue Saint-Roch a montré que le braquage s’est produit entre 20 h 04 et 20 h 07. Et Joseph Cavalieri a été interpellé à 20 h 15. »
Une poignée d’euros
Pour raconter tout cela en détail, le directeur d’enquête est resté à la barre pendant plus de deux heures. Dès son entrée dans la supérette, Joseph Cavalieri avait brandi une arme de poing et braqué le caissier. Il l’avait saisi par la nuque et s’était fait remettre le contenu de la caisse, soit 685 euros en espèces et 41 euros en tickets-restaurants. L’équivalent pour lui d’un mois de revenus. Il était ressorti du magasin et s’était éloigné en direction du Pont du Las. Mais il avait été immédiatement poursuivi par un client, bientôt rejoint par le deuxième employé de la supérette, puis par deux autres personnes. Tous les quatre estimaient qu’un à trois coups de feu avaient été tirés dans leur direction par le fuyard. Pendant que la poursuite s’organisait dans les rues du quartier, la police avait été alertée, et deux équipages de la brigade anticriminalité ont fini par prendre Joseph Cavalieri en tenaille dans la rue Michel de Bourges.
Blessé à la fesse
Trois des policiers ont été à sa rencontre, s’approchant à moins de 5 mètres pour lui demander de s’arrêter. Joseph Cavalieri a tiré vers eux le bras tendu, entraînant cinq tirs de riposte. Le fuyard s’est réfugié derrière une voiture et a encore tiré une fois, les policiers répliquant à quatre reprises. Deux de ces tirs ont atteint Joseph Cavalieri à la fesse droite et à la cuisse gauche. Il s’est couché et a jeté son arme sous une voiture. Hospitalisé et opéré en urgence, il a dit sur le moment n’avoir tiré qu’une seule fois « en l’air ».
Trois tirs
Cette déclaration est toutefois en contradiction avec les constatations matérielles. Dans le barillet du revolver 357 magnum de l’accusé, six munitions ont été retrouvées. Quatre avaient été percutées, dont une n’avait pas fonctionné. Il y avait donc eu trois tirs en tout et pour tout : deux contre les policiers, et un vers les témoins qui s’étaient auparavant lancés à ses trousses. Cette arme, jamais utilisée auparavant sur une scène de crime, était enregistrée au nom d’un employé de mairie toulonnais, ami d’enfance de l’accusé, et pratiquant le tir sportif.
Un vrai ami
« On s’est connus il y a quarante-cinq ans, a témoigné ce dernier. On était des jeunes du même quartier. Quand il est sorti de prison, il était à la rue. Je l’ai hébergé chez moi et nourri pendant huit mois. » Selon lui, son ami avait dû lui voler cette arme le jeudi soir, veille des faits. Elle était enfermée dans un coffre-fort. Joseph Cavalieri avait profité du fait qu’il s’était absenté quelques minutes pour son travail, pour prendre la clé du coffre dans sa sacoche. Il ne s’en était aperçu que deux jours après. « Ça m’a étonné, parce que j’avais confiance en lui. Sur le moment, je lui en ai voulu. Après, je ne veux pas excuser ce qu’il a fait, mais les derniers temps, il avait des signes de dépression. » La cour entendra ce matin les témoins de la poursuite.