Var-Matin (Grand Toulon)

Un militaire fréjusien ultra-violent échappe à la prison à Nice

- CH. P.

Loris, 22 ans, ivre, avait agressé deux jeunes filles et un jeune homme avec une violence extrême, les envoyant à l’hôpital. Au moment de l’agression, qui remonte au 8 décembre, vers 6 h 30 aux abords du jardin Albert-1er, à Nice, le parquet avait demandé l’incarcérat­ion de ce militaire profession­nel varois alors en permission à Nice. Le juge des libertés et de la détention s’y était opposé estimant qu’il avait des garanties de représenta­tion en justice. Il appartient au 21e Rima (Régiment d’infanterie de marine) de Fréjus et donne, paraît-il, satisfacti­on quand il est en opération extérieure ou participe à la sécurisati­on du pays lors des opérations Sentinelle. En revanche, quand il est en permission et qu’il abuse de l’alcool, il se métamorpho­se en brute épaisse.

Défigurée par les coups

Lundi, il a une nouvelle fois échappé de peu à l’incarcérat­ion. Grâce, notamment, à un casier judiciaire vierge. Mais son comporteme­nt laisse perplexe la présidente Isabelle Demarbaix : « Votre mission est la protection des citoyens. Vous voyez le gabarit de ces jeunes filles ? » Le militaire, originaire de Wallis-et-Futuna, reste tête basse à la barre. «L’un de vos camarades, témoin de la scène, dit que vous n’êtes pas digne d’être militaire. Qu’en pensez-vous ? » « Il a raison », répond le prévenu, athlétique. La présidente, Isabelle Demarbaix, montre à l’assistance les photos édifiantes d’une des victimes, Manon, défigurée par les coups (notre photo). M Février,

e avocate de la partie civile, demande et obtient une provision sur les dommages et intérêts. L’état de santé des victimes n’est pas consolidé. Un expert devra ultérieure­ment chiffrer leur préjudice. « La violence est rarement justifiée mais là elle est totalement gratuite », souligne le procureur David Coullaud dans son réquisitoi­re. Le seul tort d’Ingrid, jeune parisienne, était d’essayer de calmer le jeune homme qui hurlait après sa petite amie. Elle a été mise K.-O., foudroyée par des coups de pied et de poing au visage et au dos. Manon, l’une de ses amies, a eu deux dents qui ont volé en éclats. Elle aussi a perdu connaissan­ce. Et Sylvain, le garçon qui les accompagna­it, informatic­ien, qui a tenté d’intervenir, s’est retrouvé transporté à l’hôpital avec un nez cassé et des dents délabrées. Le procureur requiert un an de prison assorti du sursis. Me Frédéric Monneret, pour la défense, rappelle que ce jeune homme « s’est engagé à la suite du décès tragique de son père. » « Il a, au fond de lui-même, une certaine violence, il le reconnaît. Aller au Tchad, quand on est fragile, ça peut marquer. Il trouve un refuge illusoire dans la fête et l’alcool. [...] Ça n’excuse rien, ça permet de comprendre. » Le soldat évite la prison mais est sermonné par la présidente : « Continuez de travailler pour indemniser vos victimes. » Et vu les blessures, la facture sera lourde.

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(Photo DR)

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