La mer monte et le littoral hyérois recule
Un peu d’histoire d’abord : en , Toulon fut l’une des premières villes à se voir équipée d’un marégraphe, appareil permettant de mesurer l’évolution du niveau de la mer. Modernisé, l’équipement est aujourd’hui géré par le Service hydrographique et océanographique de la Marine (Shom). Gadget ? Pas vraiment. Car grâce à lui, le port peut s’appuyer sur ans de précieuses données scientifiques. Et même si les plus anciennes de ces « data » restent encore à exploiter, même si la continuité des observations n’a pas toujours été assurée, une certitude ressort : la mer monte. « De , mm par an en moyenne depuis un siècle. » explique-t-on au Shom. À Marseille, où un marégraphe, lui aussi très ancien, marque le point zéro de l’altitude en France, on estime même à cm la hausse du niveau moyen de la mer depuis la fin du XIXe siècle. Une hausse, dont l’accélération est corrélée au réchauffement climatique et qui accroît la vulnérabilité du littoral, surtout lors des sautes d’humeur de la météo. La remise en état de la route du sel, une gabegie financière Et il ne faut pas aller très loin pour s’en rendre compte. Sur le littoral des Vieux salins, entre Hyères et La Londe, le recul du trait de côte en est une éloquente illustration. Si on ajoute à cela l’apport réduit de sédiments en raison du calibrage des cours d’eau (le Gapeau) et des enrochements, les coups de mer ont tôt fait de grignoter la plage. La salinisation progressive des sols et un déficit hydrométrique marqué ont aussi achevé de détruire la pinède en front de mer, qui agissait en qualité d’écran végétal. À ce jour, la Métropole TPM est sur le point de reculer les casiers de ganivelles dont le rôle est de fixer le bourrelet dunaire. Le sentier est lui-même déplacé de quelques mètres à l’intérieur des terres, en prévision des futurs coups de mer. L’homme s’adapte tant bien que mal à un phénomène enclenché, d’où le nom du programme de gestion souple du trait de côte mis en oeuvre : Ad’Apto. Toujours à Hyères, très exposé aux largades d’ouest, le tombolo occidental de la presqu’île de Giens « encaisse » lui aussi de moins en moins la houle, les vagues et les oscillations du niveau de la Méditerranée. Déjà fermée à la circulation chaque hiver, la route du sel subit des attaques en règle par paquets de mer qui noient et retournent le bitume, charriant du sable dans le canal de ceinture du salin des Pesquiers. Financièrement parlant, c’est une gabegie de remettre la route en état chaque année. La municipalité l’a compris et testera dans le futur une digue sous-marine de protection, dans le golfe de Giens. Il faudra au moins ça : le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) estime en effet que l’élévation du niveau des mers pourrait être comprise entre à cm d’ici à la fin du XXIe siècle.