Sur terre, le paysage change... sous la mer aussi
Les eucalyptus qui avaient servi à reboiser la forêt de Janas en 1971 ont séché sur place ces derniers mois. Heureusement pour l’instant, à La Seyne, les autres espèces du massif se portent plutôt bien, d’après Hervé Maitre, technicien ONF. Si ce n’est que la hausse des températures et la sécheresse qui va avec ravivent le spectre des grands incendies d’antan. Ailleurs dans le Var, des Maures jusqu’en Dracénie, la situation est moins réjouissante pour ce formidable capteur de CO2 qu’est la forêt méditerranéenne. Chênes blancs, verts, lièges ou pins maritimes, affaiblis par le stress hydrique, se montrent par endroits vulnérables aux bactéries ou aux insectes. Et ce, même si les arbres prouvent également une formidable capacité à s’adapter, en perdant par exemple une partie de leurs feuilles pour économiser l’eau.
Au fond de la mer, le constat est tout aussi inquiétant. Responsable scientifique de l’Institut océanographique Paul-Ricard, situé sur l’île des Embiez, à Six-Fours, Nardo Vicente se tourmente pour la Grande nacre. Le bivalve fait les frais d’un parasite qui serait boosté par les eaux chaudes et sévit à grande échelle un peu partout en Méditerranée. Sauf devant nos côtes, pour l’instant... Les températures de l’eau relevées cet été (27°C devant l’île du Grand Rouveau !) ne sont pas non plus de nature à rassurer celui qui se définit pourtant comme un optimiste. « Ce n’est pas normal. Et forcément, cela a des conséquences. » Comme en 1999 ou 2003, quand les grandes gorgones étaient mortes en quantité ? Et le docteur ès Sciences de brandir les résultats d’un comptage larvaire effectué entre 1996 et 2003 qui concluait, déjà, à une érosion de 30 % de la biodiversité des mollusques et crustacés.