Assises : vingt ans de plus pour le braqueur toulonnais
La cour a suivi l’avis de l’avocat général pour juger Joseph Cavalieri, délinquant sur le retour, qui avait tiré sur les policiers, après le braquage d’une supérette. La défense a plaidé le doute
Pour sa troisième comparution devant la cour d’assises du Var depuis 1993, Joseph Cavalieri, un Toulonnais de 59 ans, a été condamné hier à vingt ans de réclusion, assortis d’une période de sûreté des deux tiers. Ce faisant, la cour a suivi à la lettre les réquisitions de l’avocat général.
Ces témoignages qu’on dit fragiles
Dans sa plaidoirie de défense, Me Pascal Zecchini a fait observer que l’accusé n’était plus le gangster trentenaire, de ses débuts dans la grande délinquance. « C’est un type seul, complètement à la masse, dont la santé physique et mentale est fragile. Un homme sur le retour. » Il s’est surtout efforcé de contester l’intention prêtée à Joseph Cavalieri d’avoir voulu tuer les policiers de la brigade anticriminalité de Toulon. Une accusation qui reposait principalement sur les témoignages des deux équipages de la Bac, qui avaient pris en tenaille l’accusé dans la rue Michel de Bourges. Pour ce faire, Me Zecchini a fait appel aux souvenirs de cinéphiles des jurés, en évoquant les Douze hommes en colère du cinéaste américain Sidney Lumet. Un juré à l’esprit critique y faisait prendre conscience aux autres de la fragilité des témoignages qui accablaient l’accusé. « Le témoignage humain est faillible, a-t-il affirmé. Seuls les éléments matériels apportent des certitudes. »
Le doute sur un des tirs
Et un élément matériel en particulier intéressait la défense de Joseph Cavalieri. C’était une balle de calibre 357 magnum, tirée par le revolver qu’il avait à la main ce soir du 22 juillet 2016. Cette balle avait traversé la voiture derrière laquelle l’accusé s’était abrité pour tenter d’échapper aux policiers. « C’est la seule trajectoire de balle dont on soit sûr dans ce dossier. C’est un tir incliné à 45 degrés vers le sol. Et si cette balle a été tirée comme ça, c’est qu’elle n’avait pas pour objet de tuer quelqu’un se trouvant en face, à 4 mètres de lui. Il y a un doute. »
Peine à la hausse
Quant à la personnalité de Joseph Cavalieri, « c’est un type au fond du trou » ,aestimé à Me Zecchini. « Il était dans une situation problématique. Son psychiatre avait demandé son hospitalisation. Et son ami dit qu’il était resté trois jours prostré. C’est pathétique, il risque de mourir en prison. Pour un dossier où, par chance, il n’y a pas de mort et pas de blessé. » À l’évidence, la peine a tenu compte de la double récidive criminelle de Joseph Cavalieri. Elle est donc allée crescendo, après les cinq ans de prison infligés en mars 1993 pour le braquage du Crédit Agricole de Bandol, puis les treize ans de réclusion en avril 2005, pour une tentative de meurtre dans un bar du port de Toulon.