Alerte à la pollution sur la côte Atlantique
Deux nappes d’hydrocarbures, situées à 300 km de La Rochelle, avancent à la vitesse de 35 km/jour. Elle devraient souiller le littoral dimanche ou lundi
Deux nappes d’hydrocarbures dérivent désormais à plus de 300 km au large de La Rochelle après le naufrage du navire italien Grande America et menacent les côtes de Gironde et de CharenteMaritime, deux départements placés en « préalerte » pour anticiper tout risque de pollution.
« Il y a à ce stade deux nappes, une qui avait été constatée hier soir et une autre qui a été constatée ce matin », a déclaré, le ministre de la Transition écologique François de Rugy, après un passage au centre de crise mis en place à la préfecture maritime de l’Atlantique à Brest. Les deux nappes dérivent, « plein est », à une vitesse de 35 km par jour environ, a souligné Stéphane Doll, directeur du Cedre (Centre de documentation, de recherche et d’expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux). Les deux nappes se situent à environ 300 km de La Rochelle (Charente-Maritime) et ne devraient pas atteindre les côtes avant plusieurs jours. « L’une a une longueur de 13 km et une largeur de 7 km, elle présente un aspect assez compact, la seconde est d’une longueur de 9 km et d’une largeur de 7 km, elle a un aspect un peu plus morcelé. Ces deux nappes sont environ distantes d’une vingtaine de kilomètres », a précisé le porteparole de la préfecture maritime Riaz Akhoune. La seconde est à la verticale de l’épave, qui repose à une profondeur de 4 600 mètres.
Priorité au pompage
Le Grande America, navire hybride entre un roulier et un porte-conteneurs, a coulé mardi à 333 km à l’ouest de La Rochelle avec des matières dangereuses et 2 200 tonnes de fioul lourd dans ses soutes, après un incendie à bord. « Notre objectif est de pomper tout ce qui pourra être pompé », a assuré François de Rugy à Brest, en évoquant « des fenêtres météo dans les jours qui viennent, d’accalmie à la fois du vent et de la mer ». Les conditions actuelles, avec une mer très agitée et des creux de 4 mètres, ne permettent pas pour le moment de procéder aux opérations de pompage. Dans la matinée, M. de Rugy avait assuré que l’Etat ferait « tout » pour réduire l’impact de la pollution et annoncé des mesures, comme l’envoi d’avions de reconnaissance et le déploiement d’un robot sous-marin capable de descendre à 6 000 m pour évaluer la situation. L’enquête ouverte par le parquet permettra de « remonter l’historique » du navire et de regarder «s’ilyauneresponsabilité de l’armateur voire de l’équipage », avait-il assuré. Le Premier ministre Edouard Philippe, en déplacement, hier, au Mont-SaintMichel (Manche), a assuré que le gouvernement suivait « évidemment avec beaucoup, beaucoup, beaucoup d’attention » les conséquences du naufrage pour « limiter au minimum le risque » de pollution. Le dispositif de lutte antipollution est coordonné sur zone depuis le bâtiment l’Argonaute, en liaison avec le centre de crise de la Préfecture maritime de l’Atlantique à Brest. Quatre autres bateaux renforcent ces moyens, dont un affrété par l’Agence européenne pour la sécurité maritime (EMSA).
Plaintes en cascade
Le syndicat mixte du littoral breton Vigipol, qui représente 130 collectivités, a annoncé, hier, son intention de déposer plainte avec constitution de partie civile. L’organisation Robin des Bois a également annoncé son intention de porter plainte. Les associations du mouvement France nature environnement, Bretagne Nature Environnement, France Nature Environnement Pays de la Loire ou encore Nature Environnement 17 étudient également « les possibilités de déposer plainte et de faire la lumière sur les responsabilités », selon un communiqué de France Nature Environnement.