Climat : le seul réchauffement qui fait du bien
« Le piège ? Ce serait d’opposer la crainte de la fin du monde à l’angoisse de la fin du mois. »
Sale temps pour les fabricants de manteaux. Février a été largement plus chaud que la moyenne mensuelle de référence (calculée sur la période -) : + ,° C. Une catastrophe, si l’on se souvient du dernier rapport des experts du GIEC, qui promettent à la planète de passer un sale quart d’heure si les températures mondiales augmentent en moyenne de plus de… ,° C. Ce n’est pas faute de se mobiliser. Grâce aux jeunes, d’abord. Galvanisés par l’adolescente suédoise Greta Thunberg, pasionaria écolo dont le nom a été proposé hier pour le prix Nobel de la paix, les lycéens marchent chaque vendredi pour secouer les consciences. Toutes générations confondues, de nombreuses manifestations sont programmées d’ici à demain soir. Et plus de deux millions de Français ont contresigné la pétition « L’affaire du siècle » : une action en justice contre l’État, accusé de ne pas lutter assez vigoureusement pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le recours a été déposé hier par les ONG Oxfam France, Greenpeace, Notre affaire à tous et la Fondation Nicolas Hulot [lire ci-dessous]. Pointé du doigt, Emmanuel Macron s’en agace : « Je suis pour faire bouger les choses avec beaucoup de force ». Au crédit du Président : la transition écologique fait partie des thèmes retenus pour le Grand Débat qui s’achève ce soir. Avec des mesures concrètes à la clé. Sinon, on se souviendra de ces milliers d’heures passées à parler, comme d’un simple exercice de palabres nationales. Autre gage de bonne volonté : l’ouverture de tous les lycées… ou presque, en milieu d’après-midi, pour que les élèves aient un lieu d’expression officiel sur le sujet. En fait, si le réchauffement climatique dépendait des Parisiens, des Azuréens ou des Bretons, le thermomètre du futur resterait à des hauteurs raisonnables. Mais la France ne fait pas partie des plus gros pollueurs de la planète. Un classement largement dominé par la Chine, les USA, l’Inde, la Russie et le Japon. Faudrait-il renoncer à agir, face à l’inertie, voire au déni de certaines grandes puissances comme les États-Unis ? Ce serait un premier piège. Le second serait d’opposer la crainte de la fin du monde à l’angoisse de la fin du mois. Signe qu’au cours de l’hiver, les esprits ont évolué : les initiatives communes se multiplient. Demain à Paris, des « gilets jaunes » comme Priscillia Ludowsky et des membres de la Marche du siècle appellent à défiler ensemble. Entre les deux grands mouvements qui traversent la société française, les relations se réchauffent considérablement. La seule hausse de température qui peut faire du bien à l’environnement.