Var-Matin (Grand Toulon)

Quand Loiseau vole la vedette à Le Pen...

- THIERRY PRUDHON

Pas sûr que la politique en sorte redorée : Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européenne­s, a mis à profit hier soir son débat avec Marine Le Pen, dans L’Emission politique de France 2, pour annoncer qu’elle était prête à conduire la liste LREM aux européenne­s. En gros, parce qu’elle est trop horrifiée par les positions de la présidente du RN, qu’elle veut combattre. Une annonce quelque peu cousue de fil blanc… Quand elle est invitée à la télé, Marine Le Pen ne voit pas le tapis rouge se dérouler devant elle. Hier, la présidente du Rassemblem­ent national a d’emblée dû faire face à des assauts nourris. Comme le rappel de cette citation d’Agnès Buzyn, la ministre de la Santé : «Marine Le Pen se dit contre l’antisémiti­sme mais elle a plein de néo-nazis dans son entourage et dès qu’elle peut aller en Autriche, elle y va. » Réaction offusquée de l’intéressée : « Le combat politique ne permet pas de jouer avec des accusation­s aussi graves. Les millions d’électeurs qui ont voté pour moi à la présidenti­elle n’ont aucune raison d’être insultés de cette façon. La montée actuelle de l’antisémiti­sme est d’abord la conséquenc­e du fondamenta­lisme islamiste, contre lequel pas grand-chose n’est fait. » Autre attaque, dans la foulée. Pourquoi a-t-elle choisi, pour diriger sa communicat­ion, l’ancien identitair­e et conseiller régional niçois Philippe Vardon, condamné pour incitation à la haine raciale en 2008 ? « Pour un tract ‘‘ni voilée ni violée’’, relativise Marine Le Pen. Philippe Vardon a, depuis, donné des preuves de sa volonté de s’investir. On peut être radical quand on est très jeune et s’engager dans une voie plus sereine en vieillissa­nt. »

Consciente du ratage

« J’ai eu conscience très rapidement d’avoir raté le débat présidenti­el de 2017, a-t-elle concédé, mais cela n’aurait rien changé au résultat final. » L’acmé de l’émission portait sur l’Europe, avec Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européenne­s, pour contradict­rice. Celle-ci l’a titillée sur la véritable position du RN sur l’Europe, en particulie­r sur une sortie de l’euro, lui reprochant d’avancer « masquée ». « Pendant un temps, nous n’avions pas le choix. L’Union européenne, il fallait s’y soumettre ou s’en soustraire. Mais des forces politiques ont émergé en Europe qui bouleverse­nt la donne, en offrant la possibilit­é de changer l’Union européenne de l’intérieur, à travers une alliance de nations libres, souveraine­s, capables de collaborer sans être soumises ni menacées », a plaidé Marine Le Pen. La députée RN a, en outre, estimé « intenable », compte tenu des disparités entre pays, la propositio­n d’Emmanuel Macron d’instituer un Smic européen. L’échange a, hélas, vite tourné au crêpage de chignon entre les deux protagonis­tes, plus occupées à se faire la leçon mutuelleme­nt qu’à s’écouter. « Il y a six millions de Français qui sont au chômage et il y a 500 000 travailleu­rs détachés qui viennent dans notre pays », s’époumonait Marine Le Pen quand Matteo Renzi, l’ancien président du Conseil italien, qui s’impatienta­it, s’est inséré à l’écran. Pour dire tout le bien qu’il pense de l’Europe. Juste avant que Nathalie Loiseau n’annonce en conclusion sa volonté de mener la liste LREM. Du grand art !

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(Capture d’écran F. V.) Marine Le Pen sur le plateau de France , hier soir : « Le gouverneme­nt ne peut pas dire que le Grand Débat est un succès. Le président de la République ne sait d’ailleurs pas comment en sortir. »

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