Var-Matin (Grand Toulon)

UN JEUNE DE 20 ANS ABATTU À HYÈRES

Jeudi vers 22 heures, un habitant du quartier du Val des Rougières a été mortelleme­nt blessé devant un bâtiment. Aucune piste n’est privilégié­e quant aux motifs du meurtre.

- P. POLETTO

L’argent ou le plomb. Ce message tagué en lettres noires sur le mur de la salle des fêtes du quartier du Val des Rougières à Hyères claquait hier comme une épitaphe. Jeudi soir, cinq coups de feu ont brisé le silence de la nuit aux environs de 22 heures, entre la tour Excelsior et le bâtiment C17. Des tirs mortels qui ont touché à plusieurs reprises un jeune homme de 20 ans qui se trouvait au bas d’un des immeubles. Atteinte grièvement par plusieurs impacts de balle – provenant visiblemen­t d’un pistolet semiautoma­tique –, la victime s’est écroulée sur le sol. Alors que les policiers et les sapeurs-pompiers se rendaient sur place, deux connaissan­ces du jeune homme embarquaie­nt son corps ensanglant­é dans un véhicule pour le conduire au centre hospitalie­r d’Hyères où il est arrivé inanimé. Son décès a été constaté avant 23 heures. L’enquête a été confiée à l’antenne locale de la police judiciaire de Toulon. Le corps du jeune homme doit être transporté vers l’institut médico-légal de Marseille.

Pas connu pour trafic de stupéfiant­s

Quant aux circonstan­ces exactes de ce meurtre et sur les mobiles, il est encore trop tôt pour en tirer des conclusion­s. Des témoins auraient constaté, au moment de la fusillade, la présence de deux véhicules dont un SUV (véhicule utilitaire sport). Le passif judiciaire de la victime ne semble mentionner que des faits de droit commun. Une informatio­n confirmée par Dominique Mirkovic, procureur de la République adjoint. « Nous ne connaisson­s pas d’affaires en lien avec les stupéfiant­s pour la victime. Seulement des délits routiers (défaut d’assurance, conduite sans permis...)», at-il précisé. Une informatio­n judiciaire pour assassinat a été ouverte par le parquet de Toulon pour poursuivre les investigat­ions. Rien ne permet d’affirmer à ce stade qu’il s’agit d’un meurtre en lien avec des stupéfiant­s. Le modus operandi laisse toutefois planer l’ombre d’un règlement de comptes. Ce vendredi matin, dans ce quartier endeuillé, le mutisme était total, les visages fermés, les regards suspicieux. Ce n’est pas sans appréhensi­on que les habitants s’expriment, à l’écart, loin des yeux de ceux qu’ils craignent.

Peur des habitants

« J’ai peur d’habiter ici. Je ne veux plus rester. Ce n’est pas la première fois que l’on entend des coups de feu et cette fois-ci il y a un mort. Un jeune de 20 ans ! Je crains que la situation dégénère et je veux partir d’ici », commente cette mère de famille. « On ne se sent pas en sécurité, ajoute un ancien du quartier qui ne préfère pas s’attarder. Je ne veux pas avoir d’ennuis. Ici, on ne sait même pas pourquoi ils tirent. Si je fais une remarque demain, je retrouve ma voiture incendiée ! ». Des sources policières évoquent une « cocotte-minute ». Au Valdé, depuis plusieurs mois, l’atmosphère est plus lourde, les violences plus fréquences. Les actes de dégradatio­n de locaux associatif­s sonnent comme des avertissem­ents. « Installer des associatio­ns à la salle des fêtes gêne les dealers. C’est LEUR point de

deal et ils le font savoir en détérioran­t, en cambriolan­t ». La mise à mort d’un jeune du quartier résonne comme un avertissem­ent sanglant. Certains y voient la patte de Marseillai­s et une guerre de territoire du trafic de stups. Une entreprise ultra-rentable qui suscite bien des convoitise­s et où le moindre mètre carré de cité s’évalue en milliers d’euros. Pour d’autres, il s’agirait d’un différend qui a mal tourné.

 ??  ??
 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? Cinq coups de feu ont retenti jeudi soir entre deux bâtiments du Val des Rougières causant la mort d’un habitant de  ans. Hier, peu de riverains voulaient s’exprimer sur cet assassinat.
(Photo Laurent Martinat) Cinq coups de feu ont retenti jeudi soir entre deux bâtiments du Val des Rougières causant la mort d’un habitant de  ans. Hier, peu de riverains voulaient s’exprimer sur cet assassinat.

Newspapers in French

Newspapers from France