À Gênes, la vie sans le pont Morandi
Sans le viaduc, Gênes coupée en deux, souffre. Circulation difficile, économie en berne, notamment autour de la zone rouge. La déconstruction de l’ouvrage est en cours...
es Génois veulent tourner la page du pont Morandi. Une page terriblement douloureuse. Mais qui a aussi d’importantes conséquences sur la ville. Le août dernier, à h , deux travées du viaduc à haubans, construit en sur le concept de l’ingénieur Riccardo Morandi et inauguré en , s’écroulaient, emportant avec elles le pilier . Plus de mètres de béton et d’acier sont précipités dans le vide. Voitures et camions qui roulaient avec, causant la mort de personnes. Depuis, Gênes est toujours écartelée. Déchirée. Le pont qui enjambait la ville était un trait d’union indispensable entre l’est et l’ouest. Un carrefour stratégique pour tout le pays. Le pont Morandi, emprunté par de nombreux Azuréens, était un organe vital. Et sa chute asphyxie une partie de la ville et de ses habitants. Sous le squelette du viaduc, c’est tout un quartier, Certosa, qui est aspiré par le vide lui aussi. Deux cent soixante familles, plus de personnes, ont dû se résoudre à laisser derrière elles leur appartement. Elles ne le reverront jamais. D’autres riverains, évacués pendant une semaine et qui ont pu réintégrer leur appartement, se sentent isolés dans un quartier vidé de son âme, de son activité. Ils craignent également les conséquences du chantier de déconstruction du pont entamé début février. Les commerces de la zone rouge, comme une carrosserie, une station-service, ou une entreprise de matériaux pour le bâtiment, par exemple, ont baissé le rideau, à la hâte, contraintes et forcées. Quant aux commerces de la zone orange, ils sont exsangues. Plus de passage. La circulation réorganisée et les importants détours finissent d’assommer le Certosa. Pendant ce temps, l’enquête se poursuit. Les Italiens savent qu’elle sera longue. Ouverte en septembre dernier pour homicide involontaire et manquement aux règles de sécurité, elle a vu une vingtaine de personnes mises en examen. Des responsables du concessionnaire Aspi, Autostrada per l’Italia, appartenant au groupe Benetton, et des fonctionnaires du ministère des Transports. Sept mois après, il ne reste du pont Morandi, ancienne fierté des Génois, que des morceaux suspendus en attente de démolition. Il reste, aussi, un peu d’amertume. Mais, surtout, beaucoup d’attentes.