Var-Matin (Grand Toulon)

Via Certosa :«Çanesertpl­us à rien de rester ouvert »

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On ne peut pas se tromper. C’est écrit à l’entrée. Comme un check point. Une banderole : « Bienvenue à la frontière de la zone rouge. » Des militaires et des chasseurs alpins sont tankés devant les barrières à ne pas franchir. Surtout pas. Bienvenue de l’autre côté. Là où les commerçant­s ferment les uns après les autres. Le tabac, ouvert 24 h/24, n’est plus que l’ombre de lui-même. À côté, l’épicerie meurt à petit feu. « Nous avons perdu toute notre clientèle depuis que les immeubles de la zone rouge ont été évacués et que les habitants de la zone orange ne peuvent plus passer pour venir », grommelle Fulvio, 72 ans. Il se lève de la petite table installée à l’entrée de son magasin. « Je passe le plus clair de mon temps avec le journal assis ici. » Lorella, son épouse, est triste : « Je ne sais pas combien de temps on va pouvoir encore tenir. Il n’y a plus de passage, plus les habitués. Avant, ce quartier était très vivant. Ça ne sert plus à rien de rester ici et ça va être comme ça pendant encore au moins deux ans. » Fulvio attend maintenant la retraite. Peut-être aura-t-il des aides de l’État ? Il ne semble pas trop y croire. «Jenesaispa­ssionva en avoir ou pas », dodeline-t-il. « C’est la vie. C’est comme ça. Regardez autour de vous », lâche Vincenzo. Il tient l’étal de fruits et légumes du marché municipal un peu plus loin sur la via Certosa. Autour de lui, c’est vide. Pas un client. Tout juste une vieille dame qui ne s’arrête, d’ailleurs, nulle part. Vincenzo s’est installé au coeur du marché en 1980. Depuis que le pont s’est effondré, il a perdu plus de «50% de sa clientèle ». « C’est dur, dur, dur », lance le Génois. « Et j’ai bien peur que ce soit pire encore après avec les travaux. » Le maraîcher argumente : «Ils vont changer les routes de sens tous les quatre matins. Un coup, ce sera fermé, un coup ouvert. Ce sera le chaos. Ce sera pire. » La halle reste déserte. Il est pourtant près des 11 heures, ce moment où, en temps normal, les gens se pressent pour faire leurs courses. Désert aussi le grand boucher un peu plus loin. « Non, il n’y a plus personne. La clientèle a disparu, grimace l’employé. Si vous allez un peu plus haut, la vie reprend. » Beaucoup plus haut alors. Car, le bar en face a tiré le rideau. Idem pour la pizzeria un peu plus loin à l’angle. Les habitants du quartier, eux, se sont réunis : le comité Valpocever­a. Leur dernière réunion remonte au 23 février. Le thème ? « Est-ce que votre immeuble est en sécurité en cas d’utilisatio­n d’explosif pour faire sauter les piliers du pont ? » Des craintes partagées par les Génois « de l’autre côté ».

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Fulvio et Lorella tiennent depuis  ans l’épicerie du début de la rue Certosa.

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