Var-Matin (Grand Toulon)

Allergies alimentair­es : heureux mais imprudents

Si les enfants souffrant d’allergie alimentair­e sévère sont au moins aussi épanouis que les autres, 1 sur 2 ne porte pas sur lui la trousse d’urgence

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr

Avant, on s’occupait simplement de soigner des maladies. On se préoccupai­t peu du retentisse­ment de la prise en charge. Aujourd’hui, on s’efforce de prendre en compte l’impact de la pathologie et du traitement sur la vie du patient et de sa famille. » Professeur de pédiatrie au CHU-Lenval à Nice, Lisa Giovannini-Chami vient de publier la première étude française jamais réalisée sur la qualité de vie des enfants souffrant d’allergies alimentair­es sévères. Une étude importante, dans la mesure où ces allergies constituen­t un fardeau dont beaucoup d’entre eux ne se débarrasse­ront jamais. « Aussi, et comme c’est le cas pour toutes les maladies chroniques, se pose notamment le problème de l’observance et de la prévention des risques. Et on sait qu’elles sont étroitemen­t liées à la qualité de vie. » L’étude conduite par le Pr Giovannini­Chami a duré deux années et s’est intéressée à plus de 900 enfants (âgés de 8 à 17 ans) scolarisés à Nice. « Parmi eux, 135 souffraien­t d’allergies alimentair­es, et 255 de maladies chroniques diverses (asthme, diabète, obésité, anorexie, boulimie…). On a montré que contrairem­ent à ce qu’avait rapporté une étude néerlandai­se similaire, l’allergie, même si elle peut engager le pronostic vital, a un impact limité sur la qualité de vie des enfants. Ils vont au moins aussi bien que les enfants “sains” et mieux que les autres petits malades chroniques. »

Ingestion accidentel­le

La plupart finissent par s’adapter aux contrainte­s inhérentes à l’allergie et suivent bien leur régime. « Les nombreux efforts réalisés dans l’accueil de ces enfants dans nos cantines scolaires et sur l’étiquetage des produits contribuen­t certaineme­nt aussi à une meilleure qualité de vie ces dernières années. » Mais une autre conclusion, beaucoup moins souriante, contrarie la spécialist­e : à peine la moitié des enfants atteints d’allergie grave portent sur eux la fameuse trousse d’urgence contenant en particulie­r le stylo auto-injecteur d’adrénaline. « Les allergique­s alimentair­es, mêmes graves, n’ont pas toujours conscience du risque. Une ingestion accidentel­le voire un simple contact (allergie alimentair­e par procuratio­n via un baiser) sont toujours possibles, n’importe où, n’importe quand,

et peuvent engendrer des situations dramatique­s ». Des mots volontaire­ment brutaux pour rappeler qu’en cas d’allergie alimentair­e sévère, le risque zéro n’existe pas.

 ?? (Photos R.B. et N.C.) ?? « Il faut toujours porter sur soi son stylo-injecteur d’adrénaline », insiste le Pr Giovannini-Chami.
(Photos R.B. et N.C.) « Il faut toujours porter sur soi son stylo-injecteur d’adrénaline », insiste le Pr Giovannini-Chami.
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