Var-Matin (Grand Toulon)

« Hamilton possède un de mes portraits de Senna »

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Perché sur sa nacelle, masque de protection sur le visage et doigts saupoudrés de résidus de bombes, Eduardo Kobra est dans son élément. Concentré et complice avec ses deux fidèles compatriot­es qui usent généreusem­ent du pistolet à peinture. Les pieds sur terre et le masque tombé, l’artiste relève son chapeau marron d’une classieuse pichenette, dégaine son plus franc sourire et vous aborde avec une « coolitude » toute brésilienn­e : « Tudo bem ? »

Vous avez peint dans le monde entier, qu’attendiez-vous de cette première à Monaco ?

Comme tous les Brésiliens, j’étais curieux de découvrir Monaco qui est très connu grâce à Ayrton Senna. J’ai déjà fait plusieurs oeuvres qui lui sont dédiées et je connais très bien son histoire avec le Grand Prix de Monaco.

Vous êtes un artiste reconnu mondialeme­nt pour son engagement dans la cause environnem­entale. Pourtant, à vos débuts à Sao Paulo, la police brésilienn­e vous a maintes fois arrêté pour « délit environnem­ental ». [il rigole] Aujourd’hui, vous en rigolez ?

J’ai commencé en  et j’ai beaucoup appris dans la difficulté. Au début, j’ai même été détenu par la police brésilienn­e parce que mes oeuvres étaient illégales. J’ai persisté et aujourd’hui j’ai fait des murs dans une trentaine de pays différents sur les cinq continents. Mon travail a toujours porté un message, un idéal. Sur la condition animale, l’environnem­ent ou le devoir de mémoire.

Chacun de vos murs est une nouvelle pièce d’un puzzle…

Oui. Cette fresque est une partie d’un ensemble de travaux entrepris ces dernières années. J’ai choisi de m’inspirer d’oeuvres d’artistes iconiques pour porter un message sur l’environnem­ent.

Cette fois, les Montres molles de Salvador Dali…

Oui. Quand les gens passent, ça les interpelle. Ils cherchent à comprendre la différence avec l’original.

« Interpelle­r », c’est ce que vous recherchez justement…

Le street-art est un langage universel, qui parle surtout à la jeunesse, et c’est très important de pouvoir éveiller les conscience­s à travers mes oeuvres.

Vous prônez des messages de liberté. Est-ce qu’il y a aujourd’hui un pays en particulie­r où vous aimeriez

faire un mur symbolique ?

En ce moment, je fais beaucoup de murs sur la tolérance entre les religions. J’ai un projet en Israël, très bientôt, qui est de représente­r les différente­s religions, chacune avec des fidèles en position de prière. Sinon, j’ai des invitation­s pour  pays différents cette année, je n’arriverai pas à tout faire ! [rires]

La perception de votre art évolue-t-elle ?

J’ai peint dans beaucoup d’endroits qui ne le permettaie­nt pas et aujourd’hui apprécient le street-art, par exemple le Japon où ça n’existait même pas la première fois où j’y suis allé. C’est un long processus de reconnaiss­ance.

On vous connaît pour le gigantisme de vos oeuvres, faites-vous des petits formats ?

C’est très difficile. Mais à chaque fois que je fais un mur, je fais une réplique, et une seule, en petit format, qui, après, est vendue dans une galerie à des fins caritative­s. C’était notamment le cas pour une fresque que j’ai réalisée dans l’hôpital pédiatriqu­e de Madonna au Malawi.

Par leur taille, vos oeuvres se contemplen­t comme une toile de cinéma…

Le plus important, c’est le message, pas la peinture. La peinture reste une technique. Il y a quelques murs dont je ne fais même pas de photo parce que je ne suis pas content [rires].

Votre oeuvre sera visible durant le Grand Prix. Vous y verra-t-on ?

J’aimais plus la Formule  quand il y avait Senna. [rires] Mais, pour l’anecdote, Lewis Hamilton possède une réplique d’un de mes portraits d’Ayrton Senna.

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