Du buzz et des inquiétudes
Parmi les plus grands de France, le rucher-école Var Apiloisir fête ses 20 ans. Victime de son succès et d’un regain d’intérêt pour l’abeille, l’association dracénoise envisage de plafonner ses adhérents. Vécu
Ils ont de 13 à 80 ans, viennent de Draguignan, Salernes, Aups, Trans, Sainte-Maxime, mais aussi d’Antibes, Cannes, Vence... Certains sont encore scolarisés, d’autres retraités, dans l’immobilier, le juridique, le commerce, etc. Mais tous sont réunis - avec tutoiement de rigueur ! - sous la même bannière d’élèves appliqués du rucher-école Var Apiloisir. L’association dracénoise, qui fête ses vingt ans, compte une cinquantaine de nouveaux inscrits pour sa « rentrée » de mars. Ce record, qui réjouirait n’importe quel président, préoccupe pourtant Gilles De Khovrine...
État des lieux
« Avec plus de 150 adhérents, nous sommes une des plus grandes associations de France mais l’an prochain, nous devrons certainement limiter les nouveaux venus, car ce serait au détriment de la formation...», indique-t-il face à la quarantaine d’élèves « confirmés » réunie ce jour-là sur la parcelle de la miellerie Mandard. Une fois « blindés » dans leurs combinaisons de cosmonaute grillagées à près de 200 et après avoir enfilé leurs gants montants en cuir, les élèves, toujours très disciplinés, en dépit de la bonne humeur qui règne, se répartissent par petits groupes. Ils ne tardent pas à fondre sur les ruches colorées pour un état des lieux après un hivernage en vase clos. C’est à la retraite qu’Éric Regley s’est entiché des abeilles. Il possède dix ruches. Désormais, il met à profit sa pédagogie et son autorité naturelle acquise durant son autre vie de lieutenant-colonel dans l’armée de Terre pour former bénévolement les troupes de l’association. « On ne tarde pas, ça se rafraîchit ! », intime-t-il, les butineuses goûtant modérément basses températures et vent. Mission de l’après-midi : évaluer l’état des ruches, identifier la reine pour la marquer au feutre et, si besoin, déposer sur chaque tête de cadre un remontant de pâte protéinée, si la colonie montre des signes de faiblesse. « Ou simplement pour s’excuser du dérangement ! », ajoute Félix. « Quel beau spectacle de les voir téter le traitement en rang d’oignon. Chaque cadre peut contenir jusqu’à 4 kg de miel ! », sourit un « cosmonaute » muni de son enfumoir, tandis que les industrieuses apoïdes tournoient gentiment autour du groupe sans taper dans le visage. Pour peu que l’on ne se place pas devant leur pont d’envol !
Fragile couronne...
Soudain résonne un cri de victoire. Une reine vient d’être prélevée parmi sa bourdonnante cour. Les questions fusent mais les zélés interrogateurs ont tôt fait de déchanter.
« Cette reine n’est pas très agile et la ruche est en faiblesse...», observe le formateur, alors qu’à deux pas prospère « une ruche modèle ».« S’en occuper est assez complexe. Parfois, on ne comprend pas pourquoi la ruche se vide... », reconnaît Patrick. Tout le mystère de cette micro-société fascinante qui n’a pas attendu que l’homme fasse son miel de ses efforts pour partir butiner la fleur au fusil...