Var-Matin (Grand Toulon)

J.-L. Masson : « Macron, c’est Mitterrand sans la culture »

Député LR de la troisième circonscri­ption, Jean-Louis Masson ne décolère pas face aux décisions de la majorité et multiplie les critiques contre le Président de la République

- PROPOS RECUEILLIS PAR P.-H.C. phcoste@nicematin.fr

Il avoue se « sentir bien » dans ses habits de député, comme dans sa famille politique. Jean-Louis Masson, président de la fédération départemen­tale des Républicai­ns ne dissimule cependant pas une vaste colère contre les décisions d’Emmanuel Macon et du gouverneme­nt.

Le grand débat national touche à sa fin. Qu’en retenez-vous ? Au départ les revendicat­ions des gilets jaunes sont audibles et compréhens­ibles. Toutes les revendicat­ions au coeur de la grogne, nous les avions relevées au sein du débat parlementa­ire. Mais on n’a pas été entendus. On s’est aperçus que le Président de la République était coupé de la représenta­tion parlementa­ire. Ce manque d’écoute a créé une grogne et cette crise a été sous-estimée.

Vous pensez que le débat peut permettre au Président de mieux entendre ? Le grand débat est une espèce de bouée de sauvetage et moi, je pense que le grand débat va déboucher sur le grand brouillard. Les propositio­ns sont contradict­oires et on va avoir du mal à en définir des axes… Sauf ceux qui intéressen­t Emmanuel Macron. Moi, je crois que c’est une grande manipulati­on de l’opinion publique. Il va utiliser quelques aspects du grand débat pour justifier des réformes qu’il entend faire. Enfin, c’est une supercheri­e, Emmanuel Macron a fait campagne pour les élections européenne­s à travers le grand débat.

Vous pensez donc qu’il ne va rien en sortir ? Macron est persuadé d’avoir toujours raison. C’est un enfant gâté. Tout lui a toujours réussi jusqu’à l’année dernière. Il n’accepte pas la contradict­ion.

C’est pour cette raison que vous ne vouliez pas en organiser ? Chacun doit assumer ses responsabi­lités. La grogne qu’on vient de vivre, n’est pas de la faute des élus locaux ou des parlementa­ires d’opposition. C’est la responsabi­lité de l’État. Il n’y a pas de raison de venir se substituer à lui. Il est normal que ce soit l’État qui organise.

Croyez-vous cependant que cette séance peut mettre un terme au mouvement des Gilets jaunes ? Ce qui pourrait les arrêter, c’est de répondre à leurs préoccupat­ions. Or, le Président de la République a mis en place un pouvoir personnali­sé, avec des députés très soumis à son gouverneme­nt, lui-même soumis à sa propre volonté. Macron me fait penser à Mitterrand. Mais il y a une grande différence entre eux, c’est que Macron n’a pas la culture de la France. Mitterrand était maire de Château-Chinon et connaissai­t la France. Macron, c’est Mitterrand sans la culture !

Que vous inspirent les mobilisati­ons pour le climat ? L’environnem­ent, c’est notre cadre de vie. C’est notre héritage et les Républicai­ns sont très attachés à l’héritage et à la transmissi­on. Ça fait partie de notre ADN. Ces questions doivent nous préoccuper.

Vous n’avez pas le sentiment que la population reproche aux politiques de n’avoir pas été à la hauteur des enjeux ? C’est un raccourci facile. Quand on est adolescent, on a tendance à critiquer l’autorité des parents. Et quand on est un citoyen, on a tendance à critiquer l’autorité des élus. On ne peut pas dire que les élus n’ont rien fait au niveau des collectivi­tés locales ou au niveau national. Il ne faut pas penser que les autorités s’en désintéres­sent. D’ailleurs, je me pose des questions : je constate que jamais l’espérance de vie n’a été aussi longue… Les questions environnem­entales sont au coeur de la vie politique depuis une trentaine d’années.

La question climatique sera-telle au coeur de la campagne pour les Européenne­s ? L’enjeu principal c’est de sortir de l’idée que ces élections consistent à choisir entre Macron et le chaos. C’est comme ça que Macron veut présenter les choses. Moi, je pense qu’il y a une place entre les euroscepti­ques et le fédéralism­e, pour ne pas dire le mondialism­e, prôné par Macron. Nous, on est pour l’Europe des nations. Des nations qui protègent.

Que vous inspire le ralliement de Jean-Pierre Raffarin à la liste LREM ? Des personnali­tés politiques font des choix qui sont personnels. Mais je suis sûr que notre famille politique va se rassembler autour de notre liste.

Vous la sentez tiraillée cependant ? Non, je ne pense pas que la famille soit tiraillée. Je prône le rassemblem­ent. Arrêtons de caricature­r !

Que vous inspire le récent rapport très critique du Défenseur des droits ? Je comprends ce qu’il dit. Il y a une omniprésen­ce du pouvoir exécutif et une absence

d’équilibre des pouvoirs avec le Parlement, et tout ça entraîne des abus. Il y a eu des gardes à vue qui n’étaient pas destinées à établir des poursuites pénales. Il y a un excès d’exécutif et donc un problème au niveau des libertés. Macron n’a pas la culture de la vie démocratiq­ue et de l’équilibre des pouvoirs. Aujourd’hui, l’équilibre est rompu.

Le ministre de l’Intérieur a annoncé des renforts dans les quartiers de TPM, c’est une bonne décision tout de même selon vous ? Je constate que pour le meeting de Madame Muschotti et Monsieur de Rugy (le Grand débat organisé lundi dernier à Toulon, Ndlr), il y avait eu un déploiemen­t de forces extrêmemen­t important. S’ils en mettaient autant lors des manifestat­ions pour contrôler les casseurs ou dans les quartiers, ça serait bien. Comment a-t-on pu trouver autant de CRS pour sécuriser une réunion politique et ne pas en trouver pour nos quartiers ? Concernant, les quartiers, il y a eu des engagement­s pour Toulon et La Seyne, mais malheureus­ement, pas pour Hyères et c’est une erreur. Pour ce gouverneme­nt, la sécurité n’est pas une priorité et je le déplore. Le ministre de l’Intérieur avait dit qu’il viendrait à Toulon. On l’attend encore. Pour le croiser, il faut aller dans les boîtes de nuit à la mode. Je préférerai­s qu’il vienne voir le commissari­at de Toulon.

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(photo doc. L. M.) Jean-Louis Masson, député de la e circonscip­tion et président départemen­tal des Républicai­ns.

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