Var-Matin (Grand Toulon)

Violences à Paris : Macron à nouveau sous pression

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L’exécutif a-t-il baissé la garde trop tôt ? Alors qu’il semblait, ces dernières semaines, se satisfaire du lent déclin de la mobilisati­on des « gilets jaunes », couplé au fait que l’opinion publique est désormais majoritair­ement en faveur d’un arrêt du mouvement, il se retrouvait hier à nouveau sous pression après le samedi noir, la veille, sur les Champs-Élysées (nos éditions d’hier).

Le bilan revu à la hausse

Les violences de samedi ont finalement fait 29 blessés chez les forces de l’ordre : 20 policiers et 9 gendarmes ; un blessé parmi les pompiers ; et une soixantain­e de blessés au sein des manifestan­ts, a réévalué hier la préfecture de police de Paris. Au total, 237 personnes ont été interpellé­es ; 200 d’entre elles ont été placées en garde à vue, parmi lesquelles 15 mineurs. Enfin, quelque 50 commerces ont été « attaqués violemment » ,et26 ont été « saccagés et pillés », selon le comité des commerçant­s de l’avenue.

Une salve de critiques

La gestion des événements par le chef de l’État, le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur était hier attaquée de toutes parts. Chez Les Républicia­ins, la tête de liste aux européenne­s, Xavier-François Bellamy (LR) a évoqué un « laxisme sécuritair­e », voire du « laisser-faire », tandis que le député des Alpes-Maritimes Eric Ciotti, qui a estimé sur FranceInfo que le mouvement initial avait été « complèteme­nt dévoyé » et qu’il n’était plus, désormais, qu’un « simple prétexte à regrouper des casseurs », a déclaré dans Le Journal du dimanche : « On a un peu le sentiment que cette violence arrange le gouverneme­nt. » « On peut se poser la question », a renchéri de son côté la présidente du Rassemblem­ent national, Marine Le Pen, tandis qu’à gauche, la maire (PS) de la capitale Anne Hidalgo a exigé, dans Le Parisien, « des explicatio­ns » et des mesures « pour sortir de ce cauchemar ». Chez les « gilets jaunes » eux-mêmes, quelques figures ont réagi. Thierry-Paul Valette, co-fondateur des « Gilets jaunes citoyens », a ainsi demandé « des comptes concernant le laisser-aller manifeste avec les black blocs », tandis que Hayk Shahinyan, président fondateur du Mouvement alternatif citoyen, a réclamé « sans délai la démission du ministre de l’Intérieur Christophe Castaner pour inaptitude à la fonction ».

Des annonces aujourd’hui

En réaction, le Premier ministre Edouard Philippe a réuni hier en fin d’après-midi les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner, la ministre de la Justice Nicole Belloubet ainsi que le secrétaire d’Etat Laurent Nunez afin d’évoquer les « décisions fortes » promises la veille au soir par Emmanuel Macron. A la sortie, le gouverneme­nt a admis des « dysfonctio­nnements » dans le dispositif de sécurité, jugé « insuffisan­t pour contenir ces violences » . Le Premier ministre « fera [des] propositio­ns d’adaptation au président de la République demain [lire : aujourd’hui, Ndlr]. »

Le Maire et Castaner vont être entendus par le Sénat

Par ailleurs, les ministres de l’Intérieur Christophe Castaner et de l’Economie Bruno Le Maire seront auditionné­s demain par les commission­s des Lois et des Affaires économique­s du Sénat. Ils seront entendus par les deux commission­s réunies « sur les moyens mis en place pour faire face à ces troubles et sur les conséquenc­es de ces nouvelles dégradatio­ns sur la situation du commerce et l’attractivi­té économique de notre pays ».

 ?? (Photo MaxPPP/EPA) ?? Le chef de l’Etat et le ministre de l’Intérieur étaient accusés hier de « laxisme sécuritair­e », un reproche exacerbé par la diffusion d’images récentes les montrant l’un au ski et l’autre en discothèqu­e.
(Photo MaxPPP/EPA) Le chef de l’Etat et le ministre de l’Intérieur étaient accusés hier de « laxisme sécuritair­e », un reproche exacerbé par la diffusion d’images récentes les montrant l’un au ski et l’autre en discothèqu­e.

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