Bernal tout en maîtrise
Le leader a été attaqué de loin par Nairo Quintana. Mais le jeune Colombien a pu compter sur la force collective des Sky pour remporter sa première grande course en Europe
Le plan a été parfait ». La phrase est signée Nicolas Portal, le directeur sportif des Sky, encore victorieux sur Paris-Nice. Hier, beaucoup d’équipes auraient paniqué au vu du scénario de cette dernière étape totalement débridée de 110 kilomètres dessinée autour de Nice. À l’image de ce que faisait Alberto Contador, Nairo Quintana a profité de la côte de Peille, pour planter une attaque à 47 km de l’arrivée. Pendant presque une heure, le grimpeur de la Movistar a été maillot jaune virtuel. Pourtant, sur la ligne d’arrivée, l’aîné des Colombiens ne reprenait que 4 secondes à son cadet. La force de frappe collective de la maison britannique, encore à six à 15 kilomètres de l’arrivée, avait fini d’anéantir Quintana, trop rapidement esseulé à l’avant. « Les gars ont été géniaux ,reprenait Portal. C’est peutêtre la meilleure équipe, la plus grosse cohésion que j’ai connue, avec beaucoup de jeunes coureurs et un choc de cultures entre Sud-Américains et Européens ». Parfaitement aiguillé par les Rowe, Kwiatkowski et les grimpeurs que sont Sosa ou Geoghegan Hart, Bernal a sauvé pour 39 secondes son maillot jaune. « Aujourd’hui (hier), on a connu des moments difficiles, mais il fallait absolument rester calme et concentré, expliquait le jeune homme de 22 ans. J’ai cru en mes coéquipiers, qui étaient tous en forme. Quand tu as une équipe comme la nôtre, c’est plus facile de rester calme ». Déjà vainqueur du Tour de Californie l’an passé, celui qui s’était ensuite révélé aux yeux du grand public sur le dernier Tour de France (15e), en lieutenant de luxe autour de Thomas et Froome, a passé le test suivant. Dans ce Paris-Nice, que la Sky a l’habitude de comparer à un laboratoire, l’ancien vainqueur du Tour de l’Avenir (2017) a joué une partition parfaite depuis le départ et sur tous les terrains.
Portal : « Il est déjà complet »
« Il a été bon dans le vent de côté, dans un chrono de rouleur et en montagne, détaille Portal. Il est jeune,
mais déjà complet et mature. Egan a un plan de carrière et sait parfaitement ce qu’il veut ». Son prochain objectif aura lieu au mois de mai avec la conquête du Giro, qu’il attaquera dans la peau de leader pour la première fois. Pour gagner ? « Je n’y pense pas. Paris-Nice, ce n’est que 8 jours, c’est incomparable avec un grand Tour. J’espère faire un bon Giro, peut-être que je viserai le top 3, le top 10, je ne sais pas. J’aurai une grande équipe avec moi, et je donnerai mon meilleur. » Un discours mesuré, mais ses adversaires sont prévenus, le futur patron du peloton sait déjà gagner.