Un gouffre à combler
Après ce pâle Tournoi des six nations se profile la Coupe du monde au Japon. Les Bleus auront peu de temps pour répondre à de nombreuses interrogations
Le pénible Tournoi des six nations terminé samedi sur un médiocre succès en Italie (25-14), le XV de France se projette désormais sur la Coupe du monde au Japon (20 septembre-2 novembre). Sans doute renforcé par quelques absents, il a seulement trois mois de préparation pour combler son retard.
Le staff modelé ?
Le sélectionneur Jacques Brunel et ses adjoints se retrouveront mercredi à Marcoussis pour faire le bilan de ce Tournoi raté, que les Bleus ont semblé finir plus mal en point que lorsqu’ils l’ont attaqué. Le bilan comptable (deux succès) est équivalent au Tournoi2018, le premier de ce staff. Mais l’impression générale est que les Bleus ont plutôt régressé. En dehors du terrain, ils ont également essuyé quelques tempêtes, surtout après la déroute de Twickenham, avec la tentative (avortée) de retirer le capitanat à Guilhem Guirado, et les critiques de Morgan Parra et Camille Lopez pointant du doigt la responsabilité de l’encadrement -- qui leur a valu une mise à l’écart. Le staff, justement, peut-il être modelé en vue de l’échéance nipponne ? L’hypothèse de l’arrivée en renfort de Fabien Galthié, écartée par Brunel après le naufrage en Angleterre, devrait ressurgir. Et si Bernard Laporte avait indiqué que la décision d’appeler Galthié reviendrait au sélectionneur, le président de la Fédération lui-même pourrait ne pas lui laisser le choix.
L’écart colmaté ?
Avec ou sans Galthié, l’encadrement tricolore devra trouver les solutions pour éviter le fiasco d’une première élimination avant les quarts d’une Coupe du monde. Et ceci alors que les Bleus ont été versés dans la « poule de la mort » (Angleterre, Argentine, États-Unis et Tonga). Brunel comme les joueurs disent miser énormément sur les quelque trois mois de préparation, qui débutera la semaine du 24 juin pour les joueurs n’ayant pas participé à la phase finale du Top 14, rejoints par les barragistes une semaine plus tard puis par les demifinalistes et finalistes la semaine suivante. Si physiquement, le XV de France peut espérer se remettre à niveau, il aura de toute façon moins de temps pour se régénérer et se préparer que les concurrents, Européens notamment : le championnat se termine le 15 juin, soit deux semaines après celui des Anglais et trois après le Pro 14 (Écosse, Galles, Irlande, Italie). Surtout, le triste exemple de 2015 l’a montré : être affûté ne suffit pas à rivaliser. Les Bleus devront progresser techniquement et tactiquement après avoir été mangés notamment par la stratégie anglaise à Twickenham et s’être montrés incapables de produire plus de deux périodes convaincantes et cohérentes en cinq rencontres (face aux Gallois et aux Écossais). Et ceci au gré des atermoiements de l’encadrement, qui a par exemple évincé après l’Angleterre la charnière Parra-Lopez qu’il voulait installer jusqu’à la Coupe du monde. Ou sacrifié Mathieu Bastareaud en ouverture face aux Gallois sur l’autel de la vitesse pour le rappeler dans la foulée. Brunel a trois matches de préparation (17 et 24 août face à l’Écosse, 30 contre l’Italie) pour affiner sa ligne directrice.
Qui de retour ?
Comme souvent en cas de contre-performances, les absents ont raison. Plusieurs joueurs non retenus pour le Tournoi, blessés ou convalescents, peuvent ainsi espérer faire partie de la liste élargie qui sera dévoilée le 18 juin. Cedate Gomes Sa et Rabah Slimani devraient concurrencer Uini Atonio pour les deux places de pilier droit derrière Bamba. En deuxième ligne, Bernard Le Roux pourrait profiter des prestations peu convaincantes de Paul Willemse, alors qu’un cran plus bas Mathieu Babillot peut espérer rattraper le wagon bleu. Derrière, Brunel devra trancher les cas de Parra et Lopez, anciens titulaires devenus doublures, au mieux. Décidera-t-il de les convoquer pour la préparation ? En cas de réponse négative, Maxime Machenaud au poste de demi de mêlée et Matthieu Jalibert à l’ouverture font figure de candidats crédibles. La présence dans la liste d’un autre Clermontois, Wesley Fofana, est également sujette à caution en raison de sa fragilité physique. Et aux ailes, Brunel pourrait être tenté de rappeler le « facteur X » Teddy Thomas, et surtout de convoquer pour la première fois le phénomène de l’ASM Alivereti Raka. Réponses dans trois mois.