Vincent Lindon joue Casanova dans Dernier amour
L’histoire
Casanova (Vincent Lindon), connu pour son goût du plaisir et du jeu, arrive à Londres après avoir dû s’exiler. Dans cette ville dont il ignore tout, il rencontre à plusieurs reprises une jeune courtisane, la Charpillon (Stacy Martin), qui l’attire au point d’en oublier les autres femmes. Casanova est prêt à tout pour arriver à ses fins, mais La Charpillon se dérobe toujours sous les prétextes les plus divers. Elle lui lance un défi : elle veut qu’il l’aime autant qu’il la désire…
Notre avis
Avec une solidité et une assurance qui ont sans doute fait défaut à la plupart des auteurs de sa génération, Benoît Jacquot, soixante-douze ans, a fini par s’imposer comme le plus régulier de nos grands cinéastes. Et c’est peut-être dans l’exercice délicat du film en costumes qu’il démontre son savoir-faire avec le plus d’évidence. Des Adieux à la Reine (2011) à ce Dernier amour de Casanova, en passant par sa relecture du Journal d’une femme de chambre (2015), ses films « historiques » évitent le piège de la reconstitution patrimoniale académique (ou pire : téléfilmique) et font souvent preuve de plus de modernité que les films branchés du moment. Rien de moins évident pourtant, a priori, que de filmer Vincent Lindon en perruque et hauts de chausse, après qu’on l’ait vu s’investir corps et âme dans des films sociaux plus naturalistes les uns que les autres. Le coeur se serre de le voir défait par une don- zelle, mais quelle donzelle ! Sous ses airs de nouvelle Sylvia Kristel, Stacy Martin réveillerait un mort… Casanova est vieillissant, éperdu, les yeux embués sous le rimmel. Ce Dernier amour (le seul véritable peut-être, les autres n’étant qu’amitiés sexuelles ?) le tue. Lui à qui aucune ne se refuse, sauf justement celle qui se donne à tous. « Ô fureur des coeurs murs par l’amour ulcérés » (Beaudelaire) ! « Il faut souffrir pour savoir qu’on a aimé », lui dit celle qui, à la fin, recueille ses confidences, comme une intervieweuse. Julia Roy est parfaite. Comme le reste du casting d’ailleurs, avec une Valeria Golino très touchante en examante et amie fidèle. La leçon est amère, mais le film est magnifique. Lecteur assidu des mémoires de Casanova ( Histoire de ma vie), Jacquot en livre une des plus belles restitutions. Après Fellini et Comencini (entre autres), il fallait pourtant oser s’y atteler.