Var-Matin (Grand Toulon)

Divorcés d’avant  : ultime combat pour les héritiers

L’associatio­n des débirentie­rs de la prestation compensato­ire, qui a obtenu une évolution législativ­e, milite pour supprimer la rente viagère au décès du débiteur. Une pétition est en cours

- CATHERINE PONTONE

Ils ont divorcé avant l’an 2000. Ils espéraient tourner une page. Mais le versement d’une rente à vie fixée par le juge à leurs exépouses les a condamnés à garder ce lien… financier. Au-delà de la charge émotionnel­le, la dette est devenue difficilem­ent supportabl­e. « Aujourd’hui, les débiteurs de ces rentes ont de plus en plus de mal à l’assumer. Elle peut absorber, pour certains, jusqu’aux trois quarts de leur retraite. La rente augmente plus vite que l’indexation de la retraite », témoigne Annie Geoffroy, présidente de l’associatio­n des débirentie­rs de la prestation compensato­ire ADEPC Sud Est. Témoin de ces « situations qui empirent au fil des années » , elle mesure, à 48 heures de la réunion publique d’informatio­n précédant l’assemblée générale

1), le long combat pour ( aboutir à l’évolution législativ­e d’aujourd’hui. « La rente peut être révisée, suspendue ou supprimée à la demande du débiteur lorsque leur maintien en l’état procurait au créancier un avantage manifestem­ent excessif », rappelle- t- elle. Par la réforme de février 2015, il est désormais tenu compte du versement de la rente, et du montant déjà versé. « Le combat a été long mais par cette réforme de 2015, nous avons des résultats très satisfaisa­nts, reconnaît Maître Dorn, avocat-conseil auprès de l’associatio­n. Nous avons une écoute auprès des magistrats, et une prise de conscience de la difficulté du débirentie­r. La volonté du législateu­r est d’y mettre fin quand les conditions sont réunies ». Mais le combat est loin d’être terminé : « Nous demandons toujours que l’intégralit­é des sommes de la prestation compensato­ire soit transformé­e en crédit d’impôt plutôt qu’en déduction fiscale » , ajoute Stéphane Dorn. Autre souhait qui ne trouve pas encore écho auprès de la ministre de la Justice : la suppressio­n de la rente au décès du débiteur.

Douleur morale

« À la peine de ces héritiers s’ajoutent une nouvelle douleur morale et une charge financière insoutenab­le pour ces familles recomposée­s (veuves et enfants) », s’offusque Annie Geoffroy. Au décès du débiteur, la rente est, aujourd’hui, convertie en capital dans la limite des droits des héritiers. « L’amendement sur l’arrêt de la prestation au décès du débirentie­r mettrait un arrêt définitif au lien du mariage qui aurait dû l’être par le divorce » , insiste la présidente. Une pétition est en ligne sur le site de l’asso- ciation pour recueillir au minimum 50 000 signataire­s. Elle sera remise au ministre de la Justice qui, déplore-t-elle, « nous a adressé pour le moment une fin de non-recevoir ». L’associatio­n n’exclut pas d’intégrer un nouveau combat sur le versement de pensions alimentair­es sans délai par les personnes ayant divorcé, souvent avant 2000. « Nous avons des situations quasi similaires mais dont le traitement juridique est différent. Il serait bien qu’on arrive à créer un texte où les pensions alimentair­es, fixées avant le 30 juin 2000, soient soumises aux mêmes conditions de révision que la prestation compensato­ire sous forme de rente viagère fixée avant 2000 », précise Stéphane Dorn. 1. Vendredi 22 mars, AG à 14 heures, à la Maison de la Méditerran­ée. À 14 h 45, réunion publique d’informatio­n.

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 ?? (Photo C. P) ?? Annie Geoffroy, présidente de l’associatio­n, présidera ce vendredi une réunion publique aux côtés de Stéphane Dorn, avocat- conseil.
(Photo C. P) Annie Geoffroy, présidente de l’associatio­n, présidera ce vendredi une réunion publique aux côtés de Stéphane Dorn, avocat- conseil.

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