M. M. mmartinez@nicematin.fr
Rendez-vous à La Crau, chemin des Banons, chez les Hyérois Thomas Pustel et son père Jean-Jacques. Il est 17 heures, lundi, la première récolte de la semaine de renoncules et d’anémones s’achève. Elle a débuté à 6 h30. Les serres paraissent un peu ternes, et le vert domine. Pour l’explosion de couleurs, orange, rose, blanche, des teintes et dégradés nombreux et variés, c’est du côté de l’atelier de conditionnement qu’il faut chercher en cette fin de journée. Là, tout le monde s’affaire pour préparer les tiges par paquets de dix, puis ballots de cinquante, avant de les placer sur des chariots en chambre réfrigérée. Elles partiront au marché aux fleurs ce soir même « si nous ne terminons pas trop tard. La Sica est ouverte jusqu’à 20 heures », explique Thomas Pustel. Le jeune homme représente la troisième génération d’agriculteurs chez les Pustel. Il s’est lancé à son compte voilà six ans à La Crau. Son père, la deuxième génération, est lui installé à Hyères depuis 1990. Et son père avant lui était horticulteur. « On aime les plantes, les voir pousser », confient les producteurs de pivoines, de renoncules et d’anémones. Pour l’heure, ce sont ces deux dernières variétés qui concentrent toute leur attention et leurs efforts. « Les bulbes (27 000 d’anémones, 25 000 de renoncules, ndlr) sont plantés (en hors-sol) au 15 août et on commence à récolter les premières à partir de novembre et tout l’hiver. Ce sont des fleurs qui ont besoin de froid pour initier la floraison. Elles ont souffert cet automne à cause de la chaleur et de l’humidité en novembre. Mais ce sont des fleurs de printemps, c’est maintenant qu’elles sont en plein boum », détaille Jean-Jacques Pustel. Une belle tige, une longueur de 35 ou 45 cm, un beau bouton... C’est selon ces critères que sont sélectionnées les anémones et renoncules. Elles seront cueillies trois fois par semaine et livrées quotidiennement au marché aux fleurs pour y être vendues au cadran.
La pivoine « fleur phare »
Mais la « fleur phare », glisse en la montrant Jean-Jacques Pustel, c’est la pivoine. Il en cultive sur son exploitation à Hyères. Son fils a, lui, planté 7 000 rhizomes (deux hectares à eux deux). Pour l’heure, elle est bien timide et aucune fleur n’est visible dans les rangées en pleine terre à côté des serres. La pivoine sera récoltée dans un mois, et grillera alors la priorité aux renoncules et anémones. La star, c’est elle. « Il y a déjà des pivoines d’Israël ou du Chili mais nous, nous avons la qualité et la quantité, nous sommes les seuls au monde. Et la production hollandaise n’arrivera, elle, qu’en mai » , confie Jean-Jacques Pustel. Depuis une dizaine d’années, le nombre de producteurs de pivoine a fortement augmenté, alors que celui des rosiéristes a chuté. « Je produisais des roses avant, mais les coûts de chauffage sont importants et la concur- rence étrangère, le Kenya, vend à bas prix. Nous sommes passés à la fleurette qui n’a pas besoin de chauffage » , raconte Jean-Jacques Pustel. Fleur à la mode, la pivoine se vend très bien pour la fête des mères, notamment «à l’étranger où elle a lieu le deuxième dimanche de mai (Italie, Belgique, Suisse, ndlr) 1). Là, nous sommes très com( pétitifs » , souligne-t-il. Après le printemps, la cadence va ralentir et les journées de travail baisser en
amplitude horaire. Contrairement à son fils, Jean-Jacques Pustel cultive quelques fleurs d’été. « Mais nous n’arrêtons pas de travailler en été. On nettoie, on désinfecte, on prépare les sols avant les plantations du mois d’août » , détaille l’horticulteur dont le rythme est calé sur le calendrier des quatre saisons. 1.Quinze jours avant la France, cette année le 26 mai.