Christophe Castaner sur le gril au Sénat
Le ministre de l’Intérieur a accablé, hier, l’ex-préfet Delpuech dans la gestion de « l’acte XVIII », parlant d’« un dysfonctionnement grave »
C’est de façon solennelle, que Christophe Cas taner a expliqué, hier aux sénateurs, les raisons du limogeage du préfet de police de Paris, Michel Delpuech. « Le préfet Delpuech est un grand préfet qui n’est pas là par hasard. C’est un préfet qui connaît son métier et qui a un sens de l’État remarquable », a-t-il commencé son propos avant de poursuivre et porter l’ estocade :« Mais, samedi, des instructions sur le changement de doctrine d’usage des LBD ont été prises au sein de la préfecture de Paris sans l’assentiment du gouvernement et des deux ministres qui sont devant vous aujourd’hui [le second étant Laurent Nunez, son secrétaire d’Etat, ndlr]. » Le ministre de l’Intérieur a précisé qu’au-delà de l’usage des LBD, des décisions ont été prises au sein de la préfecture de police « sur la mobilité, sur les interpellations qui manifes- tement ne sont pas remontées au préfet de police et c’est un dysfonctionnement grave » .
Poursuite du grand ménage
« C’est la raison pour laquelle, sans remettre en cause l’homme, nous avons souhaité qu’il y ait une reprise du management au sein de la préfecture de police ». Et cette reprise en main du management s’est traduite, hier, par la poursuite du grand ménage à la tête de la puissance préfecture de police de Paris avec le départ annoncé de deux grands cadres : Pierre G audin, le directeur de cabinet du préfet de police, et Frédéric Dupuch, le directeur de la sécurité de proximité de l’ agglomération pari sienne, dansl’oeil du cyclone depuis les scènes de violences samedi, vont être démis de leurs fonctions. Le sort dupremier devrait êtreof- ficialisé dès aujourd’hui à l’issue du Conseil des ministres.
L’acte XIX, un test ?
En jouant la carte des « fusibles » au sein de la haute fonction publique, des sources policières font valoir que l’exécutif se donne temporairement de l’oxygène mais prend le risque de s’ exposer encore davantage en cas de nouveaux débordements dans le maintien de l’ordre lors de prochaines manifestations des « gilets jaunes ». « Changer toutes les têtes en pleine crise n’est jamais bon. S’il y a eu des instructions contraires à la stratégie ministérielle, il faut que les gens assument mais je souhaite “bonne chance” aux nouveaux qui vont avoir rapidement les mains sur les manettes » , estime David Le Bars, secrétaire général du syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN-Unsa).