Var-Matin (Grand Toulon)

Le pape François accorde un sursis au cardinal Barbarin

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L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a mis en demeure, hier, le Commissari­at à l’énergie atomique et aux énergies alternativ­es (CEA) d’être plus rigoureux pour l’exploitati­on de l’une des unités de son centre de Cadarache, à la suite d’un incident survenu en 2017. L’annonce fait suite à la chute en octobre 2017 d’un colis de déchets radioactif­s de 500 litres, d’une hauteur d’environ 5 mètres, dans un puits d’entreposag­e de la station de traitement des déchets du centre de Cadarache (Bouches-du-Rhône). L’incident n’a eu en soi « aucune conséquenc­e sur la sécurité des personnes et sur l’environnem­ent. En particulie­r, les balises de mesure de la radioactiv­ité de l’installati­on et les contrôles effectués sur le colis n’ont révélé aucun signe de rupture du confinemen­t des matières radioactiv­es du colis », relève l’ASN. Toutefois, le gendarme du nucléaire observe que le problème a été détecté tardive- ment – en juillet 2018 – avant de lui être signalé par le CEA.

« Lacunes importante­s »

En menant une inspection dans la foulée, l’ASN « a constaté des lacunes importante­s en matière de rigueur d’exploitati­on et de culture de sûreté dans cette installati­on ». Cet « événement significat­if » a été classé « au niveau 1 de l’échelle INES », c’est-à-dire qualifié d’ « anomalie » ( 1). Dans une décision dévoilée hier ( 2), l’ASN met en demeure le CEA « de se conformer [...] aux exigences réglementa­ires qui touchent à l’analyse du retour d’expérience, au classement de sûreté d’un équipement et aux contrôles techniques des activités ». « Nous allons prendre les mesures qui s’imposent pour satisfaire la demande de l’ASN », a réagi un porte-parole du CEA de Cadarache.

Cinq mille employés

Cadarache est un gros centre de recherche du CEA, qui emploie cinq mille personnes, avec des réacteurs de recherche, des laboratoir­es et des installati­ons pour la gestion des matières et des déchets nucléaires. Seule l’une de ses unités est visée par la décision de l’ASN annoncée hier : il s’agit de l’installati­on nucléaire de base (INB) dite 37-A, une station de traitement et de conditionn­ement de déchets solides. Le centre de Cadarache compte une vingtaine d’INB au total.

1. Cetteéchel­le, graduéede0­à7, aétécréée aprèslacat­astrophede­Tchernobyl(Ukraine) en1986. Ellepermet

selon l’Institut de la radioprote­ctionetdes­ûreténuclé­aire(IRSN). Ainsi, de 0 à 3, on parle d’« incident » ; de 4 à 7, on emploie le terme d’« accident ». 2. Décision n° CODEP-MRS-2019-011621 du 19 mars 2019. Le pape François a accordé un répit au cardinal Philippe Barbarin en refusant sa démission dans l’attente de son procès en appel, mais le prélat français s’est immédiatem­ent mis en retrait de la direction du diocèse de Lyon. Dans la foulée de sa condamnati­on à six mois de prison avec sursis pour nondénonci­ation des abus sexuels d’un prêtre de son diocèse, Mgr Barbarin avait présenté, lundi, sa démission au pape, mais ce dernier, « invoquant la présomptio­n d’innocence, n’a pas voulu accepter cette démission » , a annoncé le primat des Gaules dans un communiqué. Réputé proche de Mgr Barbarin, le pape argentin a longtemps pris personnell­ement la défense du cardinal français. Lorsque l’affaire lyonnaise avait éclaté en , il avait déjà rejeté une première offre de démission, jugeant qu’elle serait « un contresens, une imprudence » , avant l’issue de son procès. La Conférence des évêques de France (CEF), dans une prise de distance singulière, s’est déclarée, hier, « étonnée » d’une situation « inédite » . Le président de la CEF, Mgr Georges Pontier, a dit toutefois comprendre que ce choix résulte du « conflit entre deux exigences » , celle de « respecter le cheminemen­t de la justice » et celle de « se préoccuper du bien du diocèse de Lyon ».

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(Photo Frank Muller) L’incident – noté  sur l’échelle INES – n’a eu « aucune conséquenc­e sur la sécurité des personnes », affirme l’Autorité de sûreté nucléaire.

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