Var-Matin (Grand Toulon)

Un Elixir d’Amour qui donne la pêche à l’Opéra

Ce dimanche et mardi prochain encore à Toulon, le célèbre opéra de Donizetti campe dans un décor de Far West son histoire d’amour souvent comique, interprété­e avec brio

- V. P.

Ambiance western spaghetti pour cet Elixir d’Amour de Donizetti, à l’Opéra de Toulon : un petit village du Far West, avec ses cow-boys façon Il était une fois dans l’Ouest, ses danseuses de saloon, son croque-mort, et même un vrai cheval et un chien, personnage comique, que l’on ne peut s’empêcher de regarder gambader sur scène ! Et on se régale. Le célèbre opéra en deux actes est une sorte de bluette inversée avec Nemorino, amoureux transi devant la belle Adina, versatile, comme un Don Juan. « Il n’est pas de désir, qui une fois né, ne s’éteigne en moi », dit-elle. Une bluette plus profonde qu’il n’y paraît, avec des tirades bien senties sur la confusion des sentiments : « Comme un clou chasse l’autre, l’amour chasse l’amour » ! La femme y est maître de son destin, ce qui ne rend pas le dénouement plus facile. « La femme est un animal bizarre », y entend-on...

« Le Far West des chercheurs d’or »

Le metteur en scène Stefano Mazzonis di Pralafera a aussi décidé d’exploiter tous les ressorts du thème sous-jacent de cette histoire : « L’Elisir d’Amore (sic) est avant tout la satire de la crédulité contagieus­e ! », estime-t-il. Quand Nemorino teste la potion d’un bonimenteu­r (aux faux airs de Christophe et John Lennon) pour susciter l’amour de sa belle, le décor du « Far West des chercheurs d’or, monde habité de rêveurs naïfs et acharnés, aussi bien que de charlatans sans scrupule »se prête parfaiteme­nt à cette entreprise. Les interprète­s impeccable­s que sont la soprano Lucrezia Drei (Adina), issue du choeur de la Scala, l’Argentin Santiago Ballerini, - « l’un des principaux ténors belcantist­es de la nouvelle génération », précise l’Opéra de Toulon -, ou encore Pablo Ruiz (Dulcamara, le charlatan) (1), nous offrent plusieurs beaux duos. Notre coeur balance entre le célèbre air poignant Une larme furtive accompagné à la harpe et les moments

(2) de légèreté, accentués par la mise en scène colorée et joyeuse. A la fois profond et amusant ! 1. Il était le Bartolo du Barbier de Séville en décembre. 2. Un opéra joué sous la direction musicale de Valerio Galli. Dimanche 14h30, et mardi prochain 20h, à l’Opéra de Toulon. Tarifs de 5 à 72 euros. Tél. : 04.94.92.70.78.

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(Photo Patrick Blanchard) Quoi de mieux que le Rêve américain pour incarner la crédulité des personnage­s ?

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