MALAISE DANS LA POLICE : L’ALERTE
Des dizaines de policiers ont rendu hommage hier à Toulon à leurs vingt-huit collègues qui ont mis fin à leurs jours cette année. Il n’y a pas de fatalité, clament leurs syndicats.
Comme ailleurs en France, plusieurs dizaines de policiers se sont rassemblés hier matin devant l’hôtel de police, à Toulon, pour « un hommage aux collègues, tous corps confondus, qui nous quittent au fur et à mesure ». Et d’observer une minute de silence. Ce rassemblement s’inscrit dans le contexte d’une inflation des suicides dans la police – vingt-huit depuis le début de l’année à l’échelle nationale, dont deux à quelques heures d’intervalles rien que pour la journée de jeudi. « Face à ce fléau », les principaux syndicats de forces de l’ordre ont mis de côté leurs antagonismes et appelé, dans un communiqué commun, à « des mesures fortes et immédiates ». « Le ministre de l’Intérieur a lui-même reconnu, et c’est une première, que la cause de ces suicides est plurifactorielle, on ne peut pas lier ces passages à l’acte à la seule sphère privée », indique Sébastien Soulé, secrétaire départemental du syndicat Alliance.
Des facteurs de risques
« Les policiers, ce sont des femmes, des hommes confrontés à leurs problèmes personnels et professionnels, à leurs difficultés familiales et financières, parfois à la maladie, aux accidents de la vie, tout comme leurs concitoyens dont ils assurent quotidiennement la sécurité. Seulement voilà, ils exercent un métier exigeant et éprouvant, souvent invasif, dans des conditions de travail dégradées, où les violences verbales et physiques sont quotidiennes. Le métier n’est pas totalement étranger à la décision de ceux qui mettent fin à leurs jours .» Les « conditions de travail » et le « management » sont donc considérés comme des facteurs de risques. « Vétusté des locaux, des véhicules et du matériel, réforme des cycles horaires, revalorisation des heures de nuit, heures supplémentaires… » La liste des griefs est longue. Même son de cloche du côté du syndicat Unité Police, représenté hier à Toulon par son secrétaire départemental Julien Ventre. Et de prendre pour exemple tel ou tel service qui serait au bord de l’implosion dans différentes circonscriptions de police du Var. « Les avancements se font en fonction des chiffres (...), un seul fonctionnaire peut avoir en charge jusqu’à 250 procédures judiciaires… » Voilà pour le volet management.
« On en prend plein la gueule »
« Déjà qu’on en prend plein la gueule depuis le début du mouvement des Gilets jaunes », ajoute un officier qui dit avoir consacré « dix-huit samedis sur vingt-deux à défendre la République » dans les rues toulonnaises, au détriment « des autres missions et de la vie familiale ». L’intersyndicale a demandé à être reçue « en urgence » par le ministre de l’Intérieur et que « le plan de lutte contre les suicides dans la police devienne une cause nationale ».