Var-Matin (Grand Toulon)

MALAISE DANS LA POLICE : L’ALERTE

Des dizaines de policiers ont rendu hommage hier à Toulon à leurs vingt-huit collègues qui ont mis fin à leurs jours cette année. Il n’y a pas de fatalité, clament leurs syndicats.

- ERIC MARMOTTANS

Comme ailleurs en France, plusieurs dizaines de policiers se sont rassemblés hier matin devant l’hôtel de police, à Toulon, pour « un hommage aux collègues, tous corps confondus, qui nous quittent au fur et à mesure ». Et d’observer une minute de silence. Ce rassemblem­ent s’inscrit dans le contexte d’une inflation des suicides dans la police – vingt-huit depuis le début de l’année à l’échelle nationale, dont deux à quelques heures d’intervalle­s rien que pour la journée de jeudi. « Face à ce fléau », les principaux syndicats de forces de l’ordre ont mis de côté leurs antagonism­es et appelé, dans un communiqué commun, à « des mesures fortes et immédiates ». « Le ministre de l’Intérieur a lui-même reconnu, et c’est une première, que la cause de ces suicides est plurifacto­rielle, on ne peut pas lier ces passages à l’acte à la seule sphère privée », indique Sébastien Soulé, secrétaire départemen­tal du syndicat Alliance.

Des facteurs de risques

« Les policiers, ce sont des femmes, des hommes confrontés à leurs problèmes personnels et profession­nels, à leurs difficulté­s familiales et financière­s, parfois à la maladie, aux accidents de la vie, tout comme leurs concitoyen­s dont ils assurent quotidienn­ement la sécurité. Seulement voilà, ils exercent un métier exigeant et éprouvant, souvent invasif, dans des conditions de travail dégradées, où les violences verbales et physiques sont quotidienn­es. Le métier n’est pas totalement étranger à la décision de ceux qui mettent fin à leurs jours .» Les « conditions de travail » et le « management » sont donc considérés comme des facteurs de risques. « Vétusté des locaux, des véhicules et du matériel, réforme des cycles horaires, revalorisa­tion des heures de nuit, heures supplément­aires… » La liste des griefs est longue. Même son de cloche du côté du syndicat Unité Police, représenté hier à Toulon par son secrétaire départemen­tal Julien Ventre. Et de prendre pour exemple tel ou tel service qui serait au bord de l’implosion dans différente­s circonscri­ptions de police du Var. « Les avancement­s se font en fonction des chiffres (...), un seul fonctionna­ire peut avoir en charge jusqu’à 250 procédures judiciaire­s… » Voilà pour le volet management.

« On en prend plein la gueule »

« Déjà qu’on en prend plein la gueule depuis le début du mouvement des Gilets jaunes », ajoute un officier qui dit avoir consacré « dix-huit samedis sur vingt-deux à défendre la République » dans les rues toulonnais­es, au détriment « des autres missions et de la vie familiale ». L’intersyndi­cale a demandé à être reçue « en urgence » par le ministre de l’Intérieur et que « le plan de lutte contre les suicides dans la police devienne une cause nationale ».

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 ?? (Photo Laurent Martinat) ?? À Toulon comme ailleurs hier, des dizaines de policiers ont observé une minute de silence en hommage à leurs vingt-huit collègues qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année.
(Photo Laurent Martinat) À Toulon comme ailleurs hier, des dizaines de policiers ont observé une minute de silence en hommage à leurs vingt-huit collègues qui ont mis fin à leurs jours depuis le début de l’année.

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