Var-Matin (Grand Toulon)

Alexis,  ans, plein gaz vers les sommets

Grand espoir français de la moto, Alexis Boudin a beau ne pas avoir encore son permis scooter, il tape sur circuit des pointes à 200 km/h ! Et sait aussi ce que la galère veut dire

- MA.D. mdalaine@nicematin.fr

Chez le papa d’Alexis, la déco est assez monothémat­ique. Voire « moto-thématique » ! Un meuble rempli de coupes par-ci, un autre où s’entassent les casques par-là. Et même une combinaiso­n de cuir qui semble avoir déjà tâté l’asphalte étalée sur toute la hauteur de la porte du salon. Il faut dire qu’Alexis Boudin, 14 ans, n’est pas seulement un grand fan de Johann Zarco, l’un des meilleurs pilotes français de vitesse moto avec qui il partage l’art du salto arrière. Il est luimême considéré comme l’un des plus grand espoirs tricolores de la discipline.

Premier contact avec un guidon à  ans !

« La première fois qu’il a posé les fesses sur une mini-moto, il devait avoir 4 ans, raconte Arnaud, le père du prodige. Je suis motard et il voulait sa moto “comme papa” .»Le virus ne l’a plus quitté. Et le talent, lui, n’a cessé de grandir au fil des pôles et des victoires. L’an dernier, Alexis s’est ainsi classé 2e du championna­t de France pré-moto 3. Ce phénomène de précocité impression­ne tellement par sa dextérité et son culot que les soutiens, y compris financiers, sont de plus en plus nombreux à affluer. Ça tombe pile : il en a bien besoin.

La famille s’est retrouvée à la rue

Car tout n’a pas toujours été rose dans la vie familiale. En 2009, le papa, chef d’entreprise en région parisienne, voit les dettes s’accumuler. Sa boîte fait faillite et il se sépare d’avec sa femme. En 2012, leur logement est saisi. Arnaud Boudin et ses deux enfants se retrouvent à la rue. « On a trouvé refuge chez mes parents, qui avaient une petite maison dans le Haut-Var, poursuit Arnaud. Alexis et sa soeur

occupaient (1) une chambre, et moi je dormais dans une caravane, dans le jardin. Ça a duré deux ans… » Puis Arnaud se déniche un boulot à La Seyne, « ville formidable » où la famille habite désormais. « Inconsciem­ment, je pense que le talent d’Alexis m’a aidé à tenir, confie Arnaud. Il nous a donné une motivation. Un but. Il fallait se lever tous les matins… » Mais leur situation financière n’est pas devenue flamboyant­e en un claquement de doigts. Et comme la moto est un sport particuliè­rement onéreux… « Tout compris, entre le matos, les déplacemen­ts, le consommabl­e, etc, la saison dernière a coûté dans les 60 000 euros. Dès que j’ai un centime de côté, il y passe » explique Arnaud. Heureuseme­nt donc, mécènes, fédération et sponsors apportent leur aide. Ainsi qu’un mystérieux « ange gardien » dont Arnaud souhaite préserver l’anonymat. Pour le reste, le clan fait dans le système D. « Quand il faut monter au Mans, on traverse la France en voiture et on loge chez des amis. Si la course est le dimanche, on fait la route de nuit pour qu’Alexis soit au collège le lundi matin. »

« Pilote de moto, ça reste un rêve »

En troisième à l’Herminier, le jeune homme, à qui on prête 164 de QI et qui possède un an d’avance, a pour l’instant les résultats qui suivent. Mais ce n’est pas simple. « En plus d’être issus de milieux plutôt fortunés, mes concurrent­s sont la plupart déscolaris­és et ils n’ont que la moto à penser », soupire Alexis. Lui n’entend pas quitter le système scolaire. « Ma véritable ambition, c’est de devenir directeur commercial. Pilote de moto, c’est encore un rêve… » Le gamin a la tête sur les épaules... mais les mains quand même cramponnée­s au guidon. Dans une semaine, il doit passer le brevet de sécurité routière qui lui permettra de conduire un scooter en plus de sa Kawasaki Ninja 400 ! Arnaud, lui, n’est pas tranquille : « Je préfère le savoir à 200 km/h sur un circuit qu’à 50 en ville. Mais bon, c’est de son âge… » 1. A noter que la petite soeur de 10 ans est aussi particuliè­rement douée sur une moto puisque championne de France de course de côte de sa catégorie !

Pour une saison, il faut débourser dans les  

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(Photo Dominique Leriche) Alexis et son père, Arnaud, au milieu des trophées glanés en catégories jeunes.
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(Photos C. Hebting et É. Maurin) Pour autant, je ne suis pas tête brûlée,
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D’après la Fédération française de motocyclis­me qui soutient la famille, Alexis Boudin a l’allure et la vitesse d’un futur grand. « jure-t-il. Je n’ai jamais peur sur une moto mais je connais mes limites ». Certains spécialist­es, au contraire, ne lui en décèlent aucune.

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