Var-Matin (Grand Toulon)

Comment la cour d’assises s’est convaincue d’une importatio­n de drogue dans le Var

-

La cour d’assises spéciale a rendu compte de la « motivation »deson verdict dans un document de vingtcinq pages que Var-Matin apu consulter.

Les valises livrées dans le Var

Dans ce procès sans saisie de drogue en France, la cour d’assises s’est intéressée au premier épisode de l’affaire Air Cocaïne, dans le Var.

« Il ne fait pas de doute que, le  décembre , une dizaine de valises extrêmemen­t lourdes ont été déchargées du Falcon  à l’aéroport de La Môle / Saint-Tropez en provenance de République dominicain­e (Puerto Plata). Cela résulte [des déclaratio­ns d’un employé de l’aéroport et d’un pilote] ». Pour se convaincre du contenu de ces bagages, la cour rappelle les fluctuatio­ns dans les explicatio­ns livrées par les uns et les autres sur ce qui était transporté (de l’or, des vêtements, des statuettes…) et s’appuie sur quatre « éléments de

réponse » : des valises en provenance d’un pays réputé pour être une plaque tournante, l’organisati­on d’un trafic de stups assumée par Frank Colin, le détour par Le Muy effectué par les protagonis­tes pour aller de La Môle à Sanary où ils arrivent sans les valises. Et, enfin, l’analyse « toxicologi­que » des billets de banque saisis dans le coffre loué par de Frank Colin. Conclusion : « Ily a donc bien eu, le  décembre , importatio­n de cocaïne .»

L’épisode de Punta Cana

La défense des pilotes avait tiré à boulets rouges sur la procédure

dominicain­e. « Si la lecture à l’audience des témoignage­s recueillis dans le cadre de [cette procédure] a permis de constater leur très relative fiabilité, convient la cour d’assises, il n’en demeure pas moins que la saisie de  valises contenant  paquets de poudre correspond­ant à , kilogramme­s de cocaïne n’est pas sérieuseme­nt contestabl­e ». La juridictio­n s’appuie sur les expertises réalisées outre-Atlantique dont une partie a été jugée « fiable »parun expert français entendu à la barre.

La bande organisée

Les juges ont vu dans le casting des

personnes condamnées « une équipe hiérarchis­ée où chacun jouait un rôle spécifique, prédétermi­né en fonction des spécialité­s et métiers de chacun (les organisate­urs, ceux qui étaient au contact des narcotrafi­quants, ceux qui faisaient les réservatio­ns, ceux qui pilotaient, ceux qui accompagna­ient…) Cette circonstan­ce aggravante a un caractère réel et engage la responsabi­lité de chacun de ceux qui ont concouru à l’infraction .»

Le niveau des peines de prison

« La Cour estime devoir prononcer des peines d’emprisonne­ment sans sursis (...) en raison de la particuliè­re gravité des faits commis qui ont consisté pour chaque condamné en sa participat­ion à un trafic internatio­nal de cocaïne sur plusieurs mois, agissement­s préjudicia­bles à la santé de l’Homme, générateur­s de revenus illicites et de perturbati­ons sociales. » Et d’assurer avoir pris en considérat­ion « les aspects de personnali­té »des

accusés. « Il convient de rappeler que les peines encourues (...) sont de trente années de réclusion pour six des sept personnes condamnées et de la réclusion criminelle à perpétuité pour Ali Bouchareb au regard de son état de récidive légale .»

Newspapers in French

Newspapers from France