Var-Matin (Grand Toulon)

Suicides de policiers: recueillem­ent et colère devant des commissari­ats

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Des policiers se sont rassemblés, hier, devant plusieurs commissari­ats en France pour rendre hommage à leurs 28 collègues qui se sont suicidés depuis le début de l’année. Une intersyndi­cale rassemblan­t sept organisati­ons avait appelé à ces moments de recueillem­ent après l’annonce jeudi de deux nouveaux suicides dans une institutio­n touchée par une vague inédite depuis début janvier. A Paris, des policiers et représenta­nts syndicaux se sont notamment réunis devant la direction des ressources et des compétence­s de la police nationale (DRCPN) mais aussi devant des locaux de la direction de l’ordre public et de la circulatio­n (DOPC) dont un des agents s’est suicidé jeudi, à son domicile.

« On n’est pas entendu »

« On veut exprimer un ras-le-bol de cette situation et de cette administra­tion qui fait la sourde oreille. On a fait des demandes pour améliorer la situation des fonctionna­ires de police mais rien ne se passe, on n’est pas entendu », a déclaré Ivan Assioma, délégué Alliance pour Paris. « A la DOPC, les agents sont appelés tous les week-ends à cause des manifestat­ions. Ils sont jeunes, ils sont déracinés après la sortie d’école de police, ils sont mal payés et en plus ils n’ont plus de vie privée, ils travaillen­t tous les week-ends », a ajouté le syndicalis­te. Devant la direction territoria­le de la sécurité publique (DTSP) de Bobigny, les policiers se sont rassemblés pour « montrer qu’on vit une situation difficile », explique Franck, à la BAC départemen­tale depuis 13 ans et délégué Unité-SGP-FO. « C’est un métier pas évident », « on a des contrainte­s énormes », « on est tout le temps sur la voie publique, il y a un stress énorme », a-t-il poursuivi. Visages marqués par la peine, les yeux souvent embués de larmes et se réconforta­nt les uns les autres, plusieurs centaines de policiers se sont rassemblés à Montpellie­r dans le silence devant l’hôtel de police de Montpellie­r où s’est suicidée la veille l’une de leurs collègues, capitaine à la sûreté départemen­tale. A Toulouse, quelque 150 fonctionna­ires se sont rassemblés devant le commissari­at.

« La maison police souffre »

Même son de cloche à Marseille. «La maison police souffre, fatigue, et en a marre de ces deuils », estime Rudy Manna, secrétaire du syndicat Alliance pour les Bouches-du-Rhône. « On ne veut plus entendre que c’est uniquement personnel, or c’est ce que veut laisser entendre l’administra­tion », a-t-il complété. « Nous sommes au point de rupture, nous sommes suremployé­s. » Vendredi, le ministre de l’Intérieur a dit « comprendre l’initiative des organisati­ons syndicales ». Christophe Castaner a également indiqué que la cellule « alerte-prévention-suicide » au sein de la police, dont il avait annoncé la création vendredi dernier, serait installée le 29 avril et qu’il recevrait les syndicats dans la foulée. Pilotée par une inspectric­e générale de l’administra­tion, Noémie Angel, cette cellule comprendra un officier de police et le professeur de psychiatri­e, Jean-Louis Terra.

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