« La confiance dans les exécutifs locaux devrait être renforcée »
Le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences po, auteur du Grand écart, chronique d’une démocratie fragmentée (Plon), invite à la prudence et au respect de la position du Conseil scientifique, pour ne pas générer une nouvelle abstention massive.
Compte tenu des impératifs sanitaires et démocratiques, quel est le meilleur moment pour l’élection municipale ? Il faut attendre que le Conseil scientifique rende sa décision, afin de ne pas reproduire ce qu’il s’est passé lors du premier tour, la mise en péril de ceux qui tenaient les bureaux de vote et des électeurs. Le corps électoral s’en était d’ailleurs rendu compte, puisqu’on avait alors enregistré un record d’abstention (, %, ndlr) à un premier tour des municipales. Il faut vraiment éviter qu’une partie de l’électorat ne s’élimine elle-même de la consultation. Pour que le second tour se déroule de manière correcte, il faut donc que les conditions sanitaires soient totalement réunies. S’il y a quelque risque ou inquiétude que ce soit, il ne faudra pas se remettre dans la nasse.
Cette période d’entre-deux s’est finalement plutôt bien déroulée… Dans la plupart des communes en effet, la période de transition entre les anciens et nouveaux exécutifs s’est bien passée. Mais il est temps désormais d’en sortir. Maintenant que le confinement strict a pris fin, il est utile que les conseils municipaux se réunissent dans les quelque communes où des listes ont été élues dès le premier tour.
En respectant, bien sûr, toutes les conditions sanitaires mises en oeuvre par les pouvoirs publics.
Là où va avoir lieu un second tour, à qui va profiter cet intermède inédit de plusieurs mois ? Je crois que les grandes tendances du premier tour – en particulier le bon comportement des équipes sortantes, quelle que soit leur sensibilité, et l’échec relatif des candidats de La République en marche – seront respectées. La solidité de la réponse des exécutifs locaux en place à la crise sanitaire devrait même renforcer encore la confiance dans les équipes sortantes et la réticence à confier les clés des communes à des néophytes.