Var-Matin (Grand Toulon)

Les librairies s’organisent pour écrire la suite

Les libraires indépendan­ts dracénois ont eux aussi subi de plein fouet la crise. S’il faudra du temps pour s’en relever, tous bataillent pour relancer leur activité, non sans un certain optimisme

- Textes : M. BESCOND mbescond@nicematin.fr Photos : Ph. ARNASSAN

Le coup a été rude. Après deux mois de fermeture, l’heure est venue de relever la tête, de tourner la page, et d’avancer. Malgré des pertes lourdes, ces libraires indépendan­ts restent optimistes. La filière du livre joue le jeu pour leur permettre de respirer un temps. Des prêts sont engagés pour limiter la casse. Tous restent confiants en l’avenir, ravis de retrouver leur vie. Et de la vie. Persuadés, aussi, que leurs clients continuero­nt de venir étancher leur soif de lecture. Ça a été le cas cette semaine. Gageons que cela soit toujours le cas demain. « On a perdu près de 50 000 euros de chiffre d’affaires. C’est une perte sèche qu’on ne rattrapera pas. » Si la librairie Papiers Collés a pris un bon coup derrière la tête, elle n’est pas pour autant à genoux. « Les gens reviennent, expliquent Valérie Pelloquin et Isabelle Ribardière. Il n’y a pas plus de monde qu’à l’accoutumée. En revanche, les paniers d’achats sont plus garnis. Pendant deux mois, les gens n’ont pas beaucoup dépensé pour leurs loisirs, alors là, ils se font plaisir. » Si toutes les deux ont bénéficié du chômage partiel – « de ce côté-là, ça va»– , et que la structure a bénéficié d’une indemnité de 1500 euros versée par le gouverneme­nt, l’impact sur le chiffre est dur à encaisser. « C’est très compliqué. Il va falloir que l’on fasse un prêt conséquent, garanti par l’État, pour remonter la pente. » Pour autant, les libraires ne broient pas du noir. « On est ravies de reprendre. Ça fait un bien fou. Avec nos clients, on se sourit dans les yeux. On sent qu’il y a un vrai enthousias­me.

Les gens ont besoin de parler. Même s’il y en a aussi qui ont peur et qui ne s’éternisent pas dans la boutique. »

« Je me refuse à la faillite »

Dans ce temple des lettres, les mesures sanitaires sont bien sûr appliquées : gel hydroalcoo­lique à l’entrée, fourniture de masques à ceux qui n’en ont pas – « ce sont des clients qui nous les ont fabriqués et offerts » – gants pour ceux qui le souhaitent. Et globalemen­t, tout se passe très bien : « Les gens respectent les consignes. » Après deux mois sans activité, l’heure est venue de tourner la page. « Nous n’avons pas d’autre choix que de nous relever. Je me refuse à la faillite. On espère juste que les gens vont vite réinvestir le centre-ville. Mon sentiment est que ça va se faire progressiv­ement. Petit à petit, les choses vont rentrer dans l’ordre. Il faut que la vie reprenne doucement ses droits. Au-delà du commerce, personne n’est fait pour rester cloîtré chez soi. » Il faut aussi que la chaîne du livre redémarre, qu’éditeurs et transporte­urs reprennent le rythme des commandes. « Il faut laisser la machine se relancer. » Quant à la concurrenc­e avec les sites de ventes en ligne – Amazon en tête –, elles n’y prêtent guère attention. « Ici, nous n’avons pas une clientèle, mais des clientèles. Certains achètent sur Internet. D’autres non. En revanche, ce qui est sûr, c’est qu’il faut que nous développio­ns notre propre site en ligne. C’est la solution.

Mais c’est du boulot. À mettre en place et à gérer au jour le jour ensuite. » L’avenir ? Difficile d’y voir clair. «On verra ce qu’il nous réserve. Peut-être qu’après cette période, les gens adopteront, par exemple, des modes de consommati­on différents, seront moins dans la course au “toujours plus”. Peut-être qu’il y aura une forme de prise de conscience. Mais je n’en suis pas certaine... », conclut Valérie.

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