La brigade sanitaire varoise est passée à l’action
Pilotée par la CPAM, la plateforme Contact tracing a pour mission de retrouver et d’avertir toutes les personnes potentiellement contaminées par des patients testés positifs au Covid-19
La brigade sanitaire du Var a enregistré, hier matin, le premier cas de Covid-19 signalé depuis sa mise en service, la veille. Elle est missionnée pour casser la chaîne de contamination en retrouvant, pour chaque nouveau cas positif signalé, les personnes contacts susceptibles d’avoir été contaminées. Cette plateforme Contact tracing est gérée par la Caisse primaire d’assurance maladie (CPAM) du Var. « Elle s’appuie sur 63 collaborateurs volontaires, personnels médicaux ou administratifs tenus au secret professionnel et répartis en plusieurs équipes pour permettre à la plateforme de fonctionner 7 jours sur 7 de 8 heures à 19 heures, explique Marie-Cécile Saulais, directrice de la CPAM. Une réserve d’une quarantaine de personnes, en cours de formation, permettra de renforcer l’effectif en cas de besoin et de tenir sur la durée, qui reste inconnue. »
Un large dispositif
Ces équipes s’inscrivent dans un dispositif plus large dont les médecins traitants sont les piliers, et qui inclue aussi les laboratoires d’analyses médicales et les pharmaciens. Mais c’est bien sûr le patient, en tout premier lieu, que repose l’efficacité du système mis en place. « Une personne qui a des symptômes doit très vite consulter son médecin traitant, sans tarder. C’est lui qui va faire l’analyse de la situation, proposer un traitement et prescrire un test » indique Mme Saulais. C’est aussi le médecin traitant qui va compléter, avec l’aide de son patient, une fiche avec les coordonnées des personnes qui ont été en contact avec lui et qui peuvent avoir été contaminées. Cette fiche est transmise à la brigade sanitaire via Contact Covid, le système de partage d’information. Les équipes de Contact tracing
L’annonce de la constitution des brigades sanitaires a déclenché une vive polémique, sur fond d’inquiétudes liées au fichage informatique et au respect de la vie privée. Les équipes dédiées au traçage des personnes contaminées par le Covid- sont entrées en service mercredi, au troisième jour du déconfinement, au lendemain de la promulgation de la loi prennent alors le relais. Au-delà du cercle familial du patient, elles élargissent l’enquête sanitaire à toutes les personnes rencontrées dans les 48 heures qui ont précédé le début des symptômes. « On prend contact avec le patient dès que le test confirme qu’il s’agit d’un cas de Covid-19. Dans un premier temps, le traceur va vérifier avec lui qu’il a bien compris qu’il doit s’isoler, porter un masque en présence d’autres personnes et il lui donne toute une série de conseils, détaille Mme Saulais. Dans un second temps, les traceurs complètent si besoin la liste des contacts, vérifient s’il s’agit de personnes véritablement exposées, en fonction des circonstances du contact. » En clair : des personnes avec qui le patient a eu des échanges d’une durée d’au moins 15 minutes, sans masque et avec un éloignement de moins d’un mètre. d’urgence sanitaire, après avis du Conseil
La démarche consiste ensuite à joindre très rapidement toutes les personnes identifiées, pour leur demander de s’isoler et de se faire tester à leur tour, dans un délai qui varie en fonction de la date du contact avec le patient initial et de l’existence, ou pas, de symptômes. Elles ne sont informées du nom du patient initial avec qui elles ont été en contact que si celui-ci a donné son accord.
Une prise en charge globale
« Ces personnes contact sont enregistrées dans la plateforme de téléservice Contact Covid, consultable par les pharmaciens et les laboratoires et peuvent donc, sans passer par leur médecin, avoir accès à des masques chirurgicaux et à un test. Si besoin le médecin-conseil leur prescrit un arrêt de travail pour leur permettre de
constitutionnel et de la Commission nationale informatique et libertés (Cnil). « Il est toujours nécessaire que ce genre d’outil soit encadré pr la loi et que la Cnil guide le législateur. C’est sécurisant pour tout le monde, commente la directrice de la CPAM du Var. Pour nous et pour les médecins comme pour les assurés. » Marie-Cécile Saulais souligne cependant que la CPAM « gère depuis soixante-dix ans les données des assurées sociaux, y compris des données sensibles concernant par exemple les arrêts de travail ou les affections longue durée. Nos agents administratifs comme les médecins sont tenus au secret professionnel. C’est aussi parce que nous avons cette habitude et cette déontologie que nous avons été choisis pour assurer ce service. » s’isoler. Le traceur est là pour les conseiller, avec l’appui du service médical » détaille Camille Poggi, la responsable départementale de la plateforme. Toute cette organisation repose largement sur une très grande réactivité des équipes de la plateforme mais également des patients.
Un combat à mener « tous ensemble »
« Dans ce contexte, le message à faire passer reste le même : ne pas relâcher la vigilance, rester extrêmement prudent, porter un masque pour interagir, quand on fait les courses ou dans les transports…, reprend Marie-Cécile Saulais. On parle de brigade, d’enquête, un vocabulaire peu médical, mais nous sommes bien dans une logique de protection. C’est le caractère fondamental de cette action. Et son succès est entre les mains des Varois. Nous sommes dans une logique de responsabilisation. Les efforts de tous pendant le confinement ont permis que notre département soit en vert. » Elle précise : «Sionveutéviterune deuxième vague tous ensemble, il faut compter sur ce dispositif mis en place avec un objectif qui est de casser la chaîne de transmission du virus. Le gros enjeu est de convaincre les personnes contact, surtout celles qui sont asymptomatiques, qu’elles doivent s’isoler. » Et de conclure : « À nous de leur faire prendre conscience de leur rôle d’ange gardien pour protéger le reste de la population. C’est une course de relais. Personne n’est exclu du dispositif. »