Var-Matin (Grand Toulon)

My Way hymne planétaire

De l’histoire d’amour plombée par la routine à l’introspect­ion d’un homme qui s’est construit tout seul, on vous dit comment le titre Comme d’habitude est devenu My way

- KARINE MICHEL Sources : Wikipedia, la libre.be et franceinfo.fr.

Un self-mademan comme les aiments les Américains.

Plus de 1 300 adaptation­s, quelque 570 artistes : My Way est, à ce jour encore, l’une des chansons les plus reprises dans le monde. Ce standard serait même l’air le plus « siffloté » derrière le Boléro de Ravel. Un tube planétaire né dans les années soixante, sous la plume de Jacques Revaux. Pour réécrire la genèse des faits, il faut remonter en 1967. Claude François, idole iconoclast­e des jeunes, a alors 28 ans et compte plusieurs tubes à son actif. Dont certains, d’ailleurs, sont des adaptation­s de tubes américains. Jacques Revaux, qui rêve de travailler avec Claude François, lui présente un titre que plusieurs artistes – dont Hugues Aufray – auraient refusé. Séduit par les harmonies, Claude François est moins convaincu par le texte. Et demande au parolier Gilles Thibaut de le retravaill­er. Ce dernier va s’inspirer de la rupture (réelle) de Cloclo avec France Gall pour écrire Comme d’habitude, une histoire d’amour tuée par la routine du quotidien. Jacques Revaux et Claude François revoient la musique. Pourtant, dans la France postMai-68, la chanson fait un flop ! Un an plus tard, alors que le tout jeune David Bowie s’est essayé à une adaptation, c’est finalement Paul Anka qui tombera sur la chanson. L’artiste américain est de passage en France pour un enregistre­ment.

Une version loin du cliché romantique de la rupture

L’histoire dit que c’est en voyant Claude François interpréte­r la chanson à la télévision qu’il décide d’en acquérir les droits, et d’offrir le titre au crooner Frank Sinatra. Ce dernier a marqué l’histoire des États-Unis tant par sa carrière que par sa vie privée marquée par ses conquêtes féminines et ses liens avec la mafia new-yorkaise. À 53 ans, auréolé du succès de Strangers in the Night en 1966, l’un de ses plus grands titres, l’artiste envisage sérieuseme­nt de faire ses adieux à la scène (il prendra d’ailleurs, à plusieurs reprises, sa retraite. Mais là n’est pas le sujet !). Élément suffisant pour que Paul Anka revisite et adapte le texte. « And now, the end is near... », sous sa plume, loin du cliché romantique de la rupture porté par Claude François, My Way raconte l’introspect­ion d’un homme qui s’est fait tout seul et qui, à l’approche de la mort, réfléchit au sens qu’il a donné à sa vie. Un selfmade-man comme les aiment les Américains. Le titre sort en 1969, le succès est immédiat. Nina Simone enregistre sa version deux ans plus tard, Elvis Presley en 1973. D’autres encore comme Sid Vicious des Sex Pistols en 1979, en feront une libre parodie. David Bowie, qui n’avait pas convaincu avec son adaptation, a en revanche utilisé la grille harmonique de Comme d’habitude pour écrire Life on Mars… Et comme de nombreux autres artistes évidemment, il reprendra à son tour My Way (même si ce n’est pas ce que l’on retiendra de lui). Et si l’on connaît les versions anglo-saxonnes, il faut savoir que My Way a été reprise dans presque toutes les langues, y compris en grec par un certain… Nikos Aliagas ! Cinquante et un ans après, grâce à My Way, Comme d’habitude est la chanson française la plus exportée. Les revenus annuels dégagés par les droits d’auteur de la version française s’élevaient, en 2012, à plus d’un million d’euros.

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France