Var-Matin (Grand Toulon)

Prison ferme pour deux policiers marseillai­s ayant frappé un adolescent

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Deux policiers ont été condamnés hier à quatre ans de prison, dont deux ferme, pour avoir roué de coups un adolescent de 16 ans à Marseille il y a deux ans. Le tribunal correction­nel de Marseille a laissé à la hiérarchie des deux policiers, le brigadier-chef Lionel Pourtalet et le gardien de la paix Thomas Bagnus, le soin de décider d’une éventuelle interdicti­on profession­nelle. Aucun mandat de dépôt n’ayant été prononcé à l’audience, où de nombreux collègues étaient venus les soutenir malgré les restrictio­ns liées à la lutte contre le Covid-19, les deux policiers, de stature imposante et aux bras tatoués, sont repartis libres. Ils ont dix jours pour faire appel. Le 20 février 2018, Ishaq, leur jeune victime, avait été frappée à coups de pieds et de poings dans une rue d’un quartier populaire du nord de Marseille, après avoir fait des courses dans une épicerie de nuit. Habitant une autre région, l’adolescent se trouvait à Marseille pour les vacances. Il avait expliqué avoir vu une voiture de police s’arrêter à son niveau, alors qu’il téléphonai­t, puis ses deux passagers en descendre et le frapper après l’avoir éloigné au fond d’une impasse pour ne pas être vus. Les deux policiers l’auraient aussi contraint à ne pas les regarder. Le conducteur, un autre gardien de la paix, n’a pas été poursuivi.

ADN sur un stylo

La victime avait été conduite par les pompiers aux urgences, où une interrupti­on totale de travail de 15 jours lui avait été délivrée : elle présentait une fracture sous l’oeil et de nombreux hématomes et contusions au visage et aux genoux. En le frappant, les policiers avaient fait tomber un stylo marqué du logo du syndicat policier Alliance, que la victime avait ramassé et remis aux enquêteurs de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN). L’ADN de l’un des prévenus avait été retrouvé sur ce stylo. Celui de l’autre sur une manche du survêtemen­t de la victime. « Le tribunal a travaillé avec attention, il n’est pas joyeux pour des magistrats de juger et de condamner des policiers, c’est très pénible et douloureux », a souligné la présidente en rendant le délibéré. « Vous avez commis ce délit grave et menti au tribunal à l’audience »enniant les faits, a-t-elle souligné. Les policiers ont toujours affirmé avoir poursuivi cette nuit-là un jeune homme, mais sans parvenir à le rattraper. « Cette peine est amplement méritée, personne n’est au-dessus des lois, dans aucun territoire », a commenté après l’audience l’avocate de la partie civile, Me Linda Sennaoui.

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