Gabriel Bacquier : une grande voix de l’opéra s’est tue
Le grand baryton Gabriel Bacquier, qui avait débuté à l’Opéra de Nice, s’est éteint à l’âge 95 ans, laissant dans notre région d’inoubliables souvenirs de chanteur et de professeur. Un chanteur ? Oui, mais aussi un comédien. Il entrait sur scène et on ne voyait plus que lui. Un simple battement de sourcil et il faisait rire ou pleurer la salle entière.
De cheminot à Baryton
Il avait commencé comme cheminot dans sa ville natale de Béziers. Puis, s’étant découvert une voix et étant entré au Conservatoire de Paris, il fut engagé à l’Opéra de Nice, en 1949, alors qu’il était encore étudiant. C’était dans un petit rôle dans « Manon ». Ses biographies « officielles » ignorent cela et font démarrer sa carrière des années plus tard.
Et pourtant, il nous avait souvent dit combien ses débuts niçois lui tenaient à coeur. Il les devait au directeur de l’Opéra de l’époque, Ferdinand Aymé. Celui-ci dirigeant également l’Opéra de Toulon, il l’y produisit également. Sa carrière était lancée. La Côte l’applaudit souvent par la suite : Monte-Carlo, le Festival de Menton, mais aussi Cannes où, dans les années quatre-vingt, Philippe Bender l’invita chaque saison à chanter avec son orchestre – concerts réguliers, galas au Midem, mais aussi opéras donnés aux Iles de Lérins, que Gabriel Bacquier mettait en scène lui-même. Lorsqu’il se retira de la scène, l’enseignement le sollicita. Au début des années 2000, il devint professeur régulier à l’Académie de musique de Monaco. On approchait ce personnage qui, à lui seul, incarnait l’« opéra », on buvait ses paroles, on chérissait ses conseils, on riait à ses facéties. Il ne sera pas remplacé de sitôt !