Var-Matin (Grand Toulon)

« J’ai été au-delà de mes espérances ! »

- Propos recueillis par Christophe DEPIOT Photos : AFP

Pour moi, un consultant ne doit pas faire de sentiment ”

Jérôme, ce job à RMC, tu as l’air de t’y épanouir ? C’est vrai. Quand j’ai arrêté ma carrière ( à Caen, Ndlr), je savais que je voulais tenter ma chance là-dedans. Je me suis dit, si ça me plaît, je continuera­i mais surtout, il fallait que ça plaise aux gens qui t’écoutent. Et ça a tout de suite matché. Mais je bosse, hein. Je regarde plein de matchs. Combien par semaine ? Oh, j’en bouffe ! Franchemen­t, au moins un match par jour. Je te donne un exemple, avant Dortmund-PSG, l’après-midi du match, je me suis fait des Dortmund-Bayern, DortmundLe­verkusen pour me rendre compte du niveau du Borussia. Tu penses avoir progressé ? Aujourd’hui, je trouve que je m’exprime beaucoup mieux. J’ai travaillé, j’ai plus de vocabulair­e. Là où j’ai progressé le plus, c’est sur les questions que je peux amener à des joueurs ou des entraîneur­s, en tant que consultant. La base d’un bon consultant, c’est de dire les choses sans langue de bois. De ne pas avoir un intérêt derrière ce que tu racontes.

L’analyse d’un match ou d’un joueur, elle ne doit pas être calculée, même s’il y a d’énormes enjeux dans le foot. Pour moi, il n’y a pas de sentiment à faire ! Les footeux n’aiment pas la critique, c’est connu, donc pas facile pour un consultant... Déjà, quand je jouais, je ne mettais pas de barrières avec les médias. Donc aujourd’hui, si le mec est bon ou n’est pas bon, je le dis. Ça n’a rien à voir avec le fait que j’apprécie ce gars ou pas. Après, il y a des manières de le dire. Moi j’ai mon franc-parler, on aime ou on n’aime pas, et je sais que ça peut choquer. Je sais de quoi je parle parce que j’ai été joueur et j’ai aussi été égratigné à l’époque.

Tu t’es coupé de certains joueurs, suite à tes propos ? Forcément, quand tu parles sans langue de bois, il y a des gens qui t’en tiennent rigueur... Mais je suis droit dans mes bottes. J’ai des arguments et quand je vais loin dans mes critiques, c’est pas pour une semaine plus tard aller faire la bise au mec ! Tu sais qu’après, le mec tu l’auras jamais en interview. Moi, ça m’empêche pas d’avancer. C’est déplaisant quand même... Quand j’ai commencé consultant, les plus anciens du PSG venaient me saluer mais les plus jeunes, même pas ils faisaient cinq mètres pour te dire bonjour ! Ça fait partie du respect, mais c’est pas grave. Moi si je sais qu’un joueur sort trop, qu’il a pas une hygiène de vie digne d’un joueur du PSG, tu peux pas me reprocher de le critiquer. Il y a beaucoup trop de langue de bois dans le foot, non ? Ouais. Moi je n’étais pas comme ça. Mais c’est un mode de fonctionne­ment qui date et qui est de pire en pire aujourd’hui. Tu sais, quand j’ai commencé, beaucoup me disaient déjà, méfie-toi des médias, des journalist­es... C’est un cercle très fermé. Je vais te donner, un exemple, et Dieu sait que je l’estime beaucoup et que j’ai une super relation aujourd’hui encore avec lui. Il est toujours de très bon conseil. Mais quand j’étais joueur à Monaco, Didier Deschamps et aussi Pat Evra nous disaient : ‘‘A lui tu ne dis pas ça, à celui-là non plus...’’ Ils nous faisaient comprendre que la langue de bois, il fallait s’en servir. Moi je n’en tenais pas trop compte, car ça ne cadrait pas avec ma personnali­té. Elle sert à quoi, cette espèce d’omerta ? Beaucoup d’entraîneur­s incitent à ça. Du coup, les joueurs se braquent et se ferment. Pour se protéger. Alors imagine avec la nouvelle génération ! Je l’ai vécu à Bastia et Caen, quand j’étais en fin de carrière, les jeunes, dès qu’ils voyaient arriver un journalist­e, ils se cachaient ! Moi, je me cassais la tête à leur dire que le minimum, c’est le respect, dire bonjour et que l’on peut très bien se servir des médias, ce qui ne veut pas dire les prendre pour des cons ! Rester dans le foot comme entraîneur, directeur sportif, agent, ce n’était pas une option ? Rien n’est figé, excepté de devenir entraîneur. J’aurais du mal à repartir dans ce quotidien-là. Gérer un groupe de joueurs avec la personnali­té de chacun, c’est pas pour moi. Je l’ai été, j’ai entraîné le Plessis-Robinson pendant deux ans. Je me suis éclaté, mais même au niveau amateur, c’est un boulot à plein temps... Que de l’antenne donc ? Ah non, par contre, puisque tu en parles, le rôle de directeur sportif, pourquoi pas. L’année prochaine, je passe un diplôme là-dessus. Alors c’est vrai que j’aurais envie de réintégrer un club par ce biais-là. Je pense que j’ai laissé une bonne image de moi dans tous les clubs où je suis passé, donc retravaill­er dans une de ces équipes, à terme, pourquoi pas. RMC, une vraie bande de potes ou des collègues de bureau ? L’avantage de RMC, c’est qu’on a réussi à mettre en place cette ambiance de vestiaire. Il y a des engueulade­s, on est pas tous amis mais c’est une bonne équipe. On a une vraie force, c’est unique et propre à RMC, car j’ai fait beaucoup de médias et je peux en parler en connaissan­ce de cause.

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